EN BREF
- La vitamine C est un nutriment hydrosoluble essentiel qui, selon les preuves, contribue à protéger la vitamine E liposoluble chez les personnes atteintes de fibrose kystique, une maladie inflammatoire qui affecte les poumons et le tractus gastro-intestinal.
- Les chercheurs pensent que les données peuvent être extrapolées à d'autres troubles inflammatoires, car la vitamine E est un puissant antioxydant, elle contribue à protéger votre peau des dommages dus au soleil et les aliments riches en vitamine E peuvent contribuer à vous protéger contre certains types de cancers.
- La vitamine C est un composant crucial dans le traitement de la septicémie développé par le Dr Paul Marik qui a réduit le risque de mortalité de 40,4 % à 8,5 % dans une étude et qui a démontré son efficacité en cas de septicémie pédiatrique.
- L'inflammation chronique peut contribuer au développement du cancer. Les premières études ont démontré que la vitamine C pourrait être un candidat pour le traitement du cancer et pour contribuer à en atténuer les symptômes.
- Le National Cancer Institute estime que les études précliniques actuelles soutiennent la mise en œuvre de la vitamine C dans le traitement, car elle peut contribuer à réduire le coût pour les patients et à atténuer les symptômes.
Par le Dr. Mercola
La vitamine C est un nutriment hydrosoluble essentiel également connu sous le nom d'acide ascorbique. L'organisme l'utilise comme antioxydant pour se protéger contre les dommages causés par les radicaux libres ou dérivés réactifs de l'oxygène (DRO). Une étude publiée dans Nutrients a révélé que l'administration de vitamine C pourrait également contribuer à lutter contre le stress oxydatif en protégeant les réserves de vitamine E de l'organisme et en favorisant son utilisation.
La plupart des mammifères peuvent synthétiser leur propre vitamine C. Toutefois, les humains doivent se la procurer à partir de leur alimentation. Selon l'Oregon State University, c'est un facteur essentiel dans de nombreuses réactions enzymatiques, et plusieurs études de cohorte montrent qu'elle est associée à un risque moindre de maladies cardiovasculaires telles que les accidents vasculaires cérébraux, l'hypertension artérielle et les maladies coronariennes.
Des études suggèrent que la vitamine C peut être utilisée avec d'autres traitements médicaux conventionnels pour réduire le risque de blessure cardiaque après une intervention cardiaque et l'utilisation régulière d'un complément de vitamine C peut raccourcir la durée du rhume. Bien que la prise de grandes quantités de vitamine C n'ait produit aucun effet toxique significatif, l'un des effets secondaires de la prise de fortes doses est la diarrhée.
Une carence sévère provoque le scorbut, une maladie potentiellement mortelle. La vitamine C n'a pas été isolée avant les années 1930. Cependant, la marine britannique a commencé à transporter des oranges et des citrons à bord des navires pour prévenir le scorbut à partir des années 1700. L'apport journalier recommandé (AJR) actuel est basé sur la quantité nécessaire pour maintenir une concentration minimale de vitamine C et prévenir le scorbut.
Le Dr Linus Pauling fut le premier à identifier l'importance de la vitamine C pour la santé humaine et aujourd'hui, les chercheurs continuent d'identifier une variété de voies par lesquelles la vitamine C a un impact significatif sur la prévention et le traitement des maladies. L'étude de 2022 publiée dans Nutrients a cherché à déterminer comment la vitamine C peut aider les personnes atteintes de mucoviscidose.
La vitamine C peut contribuer à atténuer l'inflammation et le stress oxydatif
À ce jour, plus de 160 000 personnes dans le monde sont atteintes de fibrose kystique (FK). Il s'agit d'une maladie génétique caractérisée par une inflammation des poumons et une accumulation de mucus bloquant les voies respiratoires. Maret Traber du Linus Pauling Institute de l'OSU a dirigé l'étude et fait le commentaire suivant dans un communiqué de presse : « La fibrose kystique est une maladie génétique associée à une inflammation accrue et, comme de nombreuses maladies inflammatoires, elle s'accompagne d'une grande quantité de stress oxydatif. »
Les chercheurs sont partis du principe que la mucoviscidose influence l'absorption, le stockage, le métabolisme et l'excrétion de la vitamine E. Ils ont émis l'hypothèse que cela augmente l'utilisation de la vitamine E par l'organisme, ce qui peut être influencé par une supplémentation en vitamine C.
Les patients atteints de mucoviscidose ont des difficultés à absorber les matières grasses et les vitamines liposolubles, telles que la vitamine E. Maret Traber a remarqué que des taux inférieurs de vitamine E, en plus de l'environnement de stress oxydatif élevé de la mucoviscidose, peuvent augmenter la réponse inflammatoire dans l'organisme.
Les patients atteints de mucoviscidose ont besoin d'au moins 400 mg de vitamine E par jour. Donc, la prise de vitamine C pour en augmenter l'utilisation pourrait contribuer à recycler la forme oxydée de la vitamine E et à réduire le stress oxydatif et l'inflammation. Les chercheurs ont administré aux patients 1 000 mg de vitamine C par jour pendant trois semaines et demie, puis ont mesuré la concentration sanguine de malondialdéhyde (MDA), un biomarqueur connu du stress oxydatif.
Les résultats ont montré que la vitamine E n'était pas éliminée aussi rapidement lorsque les patients recevaient des suppléments de vitamine C. Les chercheurs ont conclu que la supplémentation en vitamine C chez les personnes atteintes d'une maladie inflammatoire avancée pourrait contribuer à augmenter la vitamine E plasmatique et à réduire la réponse inflammatoire.
« Cette étude a utilisé de la vitamine C bien au-delà de ce dont un individu peut facilement bénéficier de l'alimentation », a déclaré Maret Traber. « Mille milligrammes, c'est l'équivalent de 15 oranges ou de quatre ou cinq poivrons de taille moyenne. Toutefois la recherche suggère qu'une dose élevée peut être bénéfique en cas de troubles inflammatoires. »
La vitamine C ralentit l'élimination de la vitamine E
Dans le communiqué de presse, les chercheurs ont noté que les bénéfices de ces découvertes ne se limitent pas aux personnes atteintes de mucoviscidose. Les problèmes de santé pour lesquels les patients ont généralement des soucis associés à des niveaux élevés de stress oxydatif peuvent également bénéficier d'une supplémentation en vitamine C, et potentiellement d'un supplément de vitamine E.
La vitamine E est un puissant antioxydant qui agit contre les DRO dans votre organisme. Malheureusement, de nombreuses personnes aux États-Unis ne consomment pas suffisamment d'aliments riches en vitamine E, ce qui les expose à un risque de carence. La vitamine E est présente dans les noix, les graines, les épinards et le brocoli.
Par ailleurs, le beurre à base de lait de vaches nourries à l'herbe est une riche source de vitamine A sous la forme la plus absorbable, de vitamine E, de vitamine K2, d'antioxydants, de sélénium, d'acide linoléique conjugué, d'iode sous une forme hautement absorbable, de vitamine D et plus encore. En consommant des aliments complets nutritifs comme le beurre à base de lait de vaches nourries à l'herbe, vous pouvez réduire votre risque de carences nutritionnelles multiples.
La vitamine E joue un rôle important dans la protection de votre peau contre les dommages liés au soleil, en particulier lorsqu'elle est associée à la vitamine C. Un article du Centre d'information sur les micronutriments de l'Université d'État de l'Oregon traite des nombreuses fonctions de la vitamine E dans la peau et note que « la vitamine E peut également absorber l'énergie de la lumière ultraviolette (UV). Ainsi, elle joue un rôle important dans la photoprotection, empêchant les dommages dans la peau des radicaux libres induits par les UV ».
La vitamine E naturelle comporte un total de huit composés différents et un équilibre entre les huit contribue à optimiser ses fonctions antioxydantes. Ces composés se répartissent en deux groupes de molécules : les tocophérols et les tocotriénols.
Les compléments de vitamine E synthétique ne contiennent généralement que de l'alpha-tocophérol et une recherche publiée en 2012 a conclu que les alpha-tocophérols synthétiques présents dans les compléments de vitamine E n'offraient aucune protection perceptible contre le cancer, tandis que les tocophérols gamma et delta présents dans les aliments contribuent à prévenir les cancers du côlon, du poumon, du sein et de la prostate. Gardez à l'esprit qu'un complément ne vous dira pas qu'il est synthétique. Vous devez donc savoir ce qu'il faut rechercher sur l'étiquette.
La réponse inflammatoire aiguë et la vitamine C
L'augmentation de votre apport en vitamine C a également un impact sur la réponse inflammatoire dans l'organisme. La vitamine C est un élément crucial d'un protocole de traitement développé par le Dr Paul Marik, médecin en soins intensifs au Sentara Norfolk General Hospital en Virginie. Le protocole de traitement fut développé pour la septicémie, une maladie potentiellement mortelle déclenchée par une infection systémique qui provoque une réaction excessive de votre organisme et déclenche une réponse immunitaire excessive et dommageable.
Selon un article de 2011, le système de coagulation, dysfonctionnel en cas de septicémie, est étroitement lié à la réponse inflammatoire. La communication entre les deux systèmes entraîne la réponse dérégulée qui se traduit finalement par un taux de mortalité très élevé.
À moins que la septicémie ne soit diagnostiquée rapidement et traitée de manière appropriée, elle peut évoluer rapidement vers une défaillance multiviscérale et la mort. Cela comprend les cas présumés de grippe, car la septicémie peut imiter de nombreux signes et symptômes de la grippe. Bien que la septicémie sévère soit traditionnellement liée à des infections bactériennes, les médecins voient de plus en plus de patients atteints de septicémie sévère causée directement par les virus de la grippe.
L'étude clinique rétrospective avant/après du Dr Paul Marik a montré que l'administration aux patients de 200 mg de thiamine toutes les 12 heures, de 1 500 mg d'acide ascorbique toutes les six heures et de 50 mg d'hydrocortisone toutes les six heures pendant deux jours réduisait la mortalité de 40,4 à 8,5 %.
Tout aussi important, le traitement n'a pas d'effets secondaires et il est peu coûteux, facilement disponible et simple à administrer. En d'autres termes, il n'y a pratiquement aucun risque. Une étude publiée en 2020 a révélé que le protocole contre la septicémie du Dr Paul Marik réduisait également la mortalité chez les patients pédiatriques.
L'utilisation de la vitamine C dans le traitement de la septicémie peut contribuer à réduire à la fois le taux de mortalité et les coûts. Chaque année, environ 1,7 million d'Américains contractent une septicémie et près de 270 000 d'entre eux en meurent.
Le Dr Paul Marik est également président et directeur scientifique de la Front Line COVID-19 Critical Care Alliance (FLCCC). Lui et le Dr Pierre Kory, ainsi que d'autres médecins internationaux, ont développé des protocoles pour la prévention, le traitement précoce, le traitement hospitalier et des symptômes à long terme du COVID-19. L'équipe a découvert que la vitamine C joue un rôle important dans la prévention et le traitement des infections actives.
Cancer et vitamine C
Selon le National Cancer Institute, l'inflammation chronique peut augmenter le risque de dommages à l'ADN et entraîner un cancer. Il est également de plus en plus évident que l'inflammation est un élément essentiel de la progression du cancer et que le microenvironnement des cellules cancéreuses est largement orchestré par l'inflammation, ce qui favorise la prolifération et la migration des cellules néoplasiques.
Plus l'inflammation chronique dure longtemps, plus le risque de développement de cellules cancéreuses et de tumeurs est élevé. Les premières études suggèrent que la vitamine C pourrait être un candidat pour le traitement du cancer. Toutefois, les chercheurs ne savent toujours pas comment les cellules cancéreuses peuvent absorber ou métaboliser la vitamine C.
Tandis que les chercheurs se penchent sur la vitamine C administrée par voie intraveineuse à forte dose pour les soins palliatifs chez les patients atteints d'un cancer avancé, d'autres publications rapportent que les patients atteints de cancer ont souvent une carence en vitamine C, qui est impactée par la tumeur ou par le traitement, comme la chimiothérapie, la radiothérapie et la chirurgie. L'administration de vitamine C en intra-veineuse a amélioré certains symptômes et a montré une amélioration de la qualité de vie lorsqu'elle est effectuée seule ou en combinaison avec de la vitamine C orale.
Le traitement semble également atténuer les DRO dans les cellules cancéreuses sans toxicité. Un article du Journal de l’Association médicale canadienne publié en 2006 a révélé trois cas bien documentés de patients atteints de cancers avancés et de longues durées de survie inattendues après avoir bénéficié d'une thérapie à forte dose de vitamine C en intra-veineuse.
Plus récemment, dans un article publié en 2020 par le National Cancer Institute, les auteurs ont relaté l'histoire de la vitamine C, y compris dans le traitement du cancer, et ils ont noté que de petits essais cliniques dans le passé n'avaient pas montré de justification claire pour l'utilisation de la vitamine C, mais « un nombre croissant d'études précliniques montrent comment la vitamine C à haute dose pourrait être bénéfique pour les patients atteints de cancer ». Ils ont poursuivi en concluant :
« Il est important de noter que ces études précliniques fournissent une justification claire et des biomarqueurs potentiels qui peuvent contribuer à personnaliser l'approche thérapeutique et à identifier les populations de patients susceptibles de répondre à une thérapie de vitamine C à forte dose. Les mécanismes d'action de la vitamine C étant de mieux en mieux définis, nous pouvons proposer des combinaisons de vitamine C de manière plus rationnelle et fondée sur des hypothèses.
De plus, compte tenu du coût financier actuel élevé des nouveaux médicaments anticancéreux, il semble rationnel d'améliorer l'efficacité des thérapies actuelles en étudiant leurs interactions cliniques avec la vitamine C. À notre avis, la mise en œuvre de ce paradigme de traitement pourrait offrir des avantages à de nombreux patients atteints de cancer. »
Sources et Références
- Nutrients, 2022; 14(18)
- Oregon State University, Vitamin C, bullet number 1,2,3,4,7,9
- Oregon State University, September 28, 2022
- Nutrients, 2022; 14(18) last two sentences abstract
- Oregon State University, September 28, 2022, para 3 from bottom
- Weston A. Price Foundation January 1, 2000 Most in 1st subhead
- Nutrients 2010 Aug; 2(8): 903–928
- Oregon State University Micronutrient Information Center, Vitamin E and Skin Health Overview
- Cancer Prevention Research May 2012, DOI: 10.1158/1940-6207.CAPR-12-0045
- Science Daily April 23, 2012
- Annual Reviews in Pathology, 2011; 6
- Virulence, 2014; 5 (1)
- Chest June 2017; 151(6): 1229-1238
- American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, 2020;48(1) Conclusion
- Science Daily January 22, 2020
- NIH, Sepsis, How Many People Get Sepsis?
- HCUP Statistical Brief #204, May 2016
- Persown, Cost of Sepsis
- Covid19CriticalCare, Treatment Protocols
- National Cancer Institute, Chronic Inflammation
- Nature, 2002; 420 (6917)
- Oncology, 2002; 16(2)
- Frontiers in Pharmacology, 2020; doi.org/10.3389/fphar.2020.00211
- Nutrients, 2021; 13(3)
- Nutrition and Cancer, 2021; 73 (8)
- Canadian Medical Association Journal, 2006; 174(7)
- National Cancer Institute, January 24, 2020