📝 EN BREF

• Des patients atteints de glaucome qui ont pris des compléments de mélatonine ont vu leur pression intraoculaire diminuer
• La mélatonine aide également à rétablir les rythmes circadiens perturbés chez les personnes atteintes de glaucome
• La mélatonine contrecarre les dommages oxydatifs dans le cristallin et peut être un « agent thérapeutique potentiel pour la prévention et la gestion de la cataracte »
• La mélatonine peut également être utile dans les cas de dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) neurovasculaire et de DMLA sèche
• La mélatonine a également des effets antiviraux, antivieillissement, anticancéreux, immunomodulateurs et anti-inflammatoires

🩺Par le Dr. Mercola

La mélatonine, bien connue pour son rôle dans la régulation du rythme circadien de l'organisme, est utile pour bien plus qu'une bonne nuit de sommeil. Cette hormone a récemment été mise en avant pour son rôle dans la santé des yeux et elle pourrait être un composé important pour prévenir les baisses de la vision liées à l'âge.

Le glaucome, par exemple, est l'une des principales causes de cécité et touche 70 millions de personnes dans le monde. Bien que les causes sous-jacentes soient inconnues, on sait que le stress mécanique causé par une pression intraoculaire élevée (PIO) endommage les cellules ganglionnaires de la rétine.

Il est suggéré que le glaucome est en fait une maladie neurodégénérative et que les lésions des cellules ganglionnaires de la rétine affectent non seulement la vision, mais aussi les rythmes circadiens et le sommeil. Les personnes atteintes de glaucome peuvent avoir des rythmes circadiens perturbés par rapport à leurs pairs, et les stratégies neuroprotectrices qui empêchent les lésions des cellules ganglionnaires de la rétine pourraient être utiles à la fois dans ce domaine et dans celui du glaucome. À cet égard, la mélatonine remplit toutes les conditions.

La mélatonine améliore la pression intraoculaire

Dans une étude publiée dans le Journal of Pineal Research, une équipe de scientifiques a étudié les effets de compléments de mélatonine sur des patients atteints de glaucome. Les sujets ont pris de la mélatonine tous les jours à 22 h 30 pendant 90 jours et ont ressenti un certain nombre de bienfaits, notamment :

• Stabilité accrue du rythme circadien systémique grâce à un meilleur alignement de la phase et de la pression intraoculaire
• Diminution de la pression intraoculaire
• Amélioration de la fonction des cellules ganglionnaires de la rétine chez les personnes atteintes d'un glaucome avancé
• Amélioration du sommeil et de l'humeur, en particulier chez les personnes atteintes d'un glaucome avancé

Des études antérieures menées par l'équipe ont montré que la mélatonine était bénéfique pour les rythmes circadiens systémiques perturbés et le système cardiovasculaire. Ils ont donné pour explication :

« En tant que facteur chimique principal pour la détection des signaux lumineux environnementaux et la synchronisation des horloges périphériques, la mélatonine sert à la fois d'entrée et de sortie du système circadien. La mélatonine est considérée comme une substance prometteuse pour améliorer les conditions complexes de bien-être associées au glaucome (c'est-à-dire les rythmes circadiens perturbés, le sommeil et l'humeur altérés).

… L'ensemble de ces résultats démontre l'efficacité de la mélatonine dans la restauration des rythmes circadiens perturbés dans le glaucome, avec des effets différents de la mélatonine sur les rythmes systémiques par rapport aux rythmes locaux, ce qui suggère qu'une stratégie personnalisée d'administration de la mélatonine pourrait permettre d'en affiner les bénéfices. »

Les yeux contiennent des récepteurs de la mélatonine

La mélatonine est souvent décrite comme une hormone pinéale, mais seulement 5 % de la mélatonine de votre corps (qui est également un puissant agent anticancéreux) est produite par la glande pinéale. Les 95 % restants sont produits à l'intérieur des mitochondries, à condition de s'exposer correctement au Soleil, ce qui joue un rôle complexe dans la production de mélatonine.

Par ailleurs, il existe des récepteurs de la mélatonine dans plusieurs parties des yeux, notamment la rétine, le cristallin et la cornée, « ce qui suggère que les cellules de ces tissus peuvent être des cibles pour l'action de la mélatonine », ont écrit les chercheurs dans Pharmacology & Therapeutics.

Cela laisse entrevoir l'importance de la mélatonine dans la régulation des processus oculaires, en particulier lorsque « l'homéostasie de la pression » est impliquée. Dans la revue Progress in Retinal and Eye Research, des scientifiques de l'université Complutense de Madrid, en Espagne, expliquent :

« Le glaucome, la maladie oculaire la plus répandue, également connue sous le nom de « voleur silencieux de la vision », est une pathologie multifactorielle associée à l'âge et, souvent, à l'hypertension intraoculaire (PIO). En effet, la PIO est le seul facteur de risque modifiable et, à ce titre, des médicaments sont disponibles pour la contrôler. Toutefois, de nouveaux médicaments sont recherchés pour minimiser les effets secondaires indésirables.

La mélatonine et ses analogues diminuent la PIO dans les yeux normotendus et hypertendus. La mélatonine active ses récepteurs membranaires apparentés, MT1 et MT2, qui sont présents dans de nombreux tissus oculaires, y compris les processus ciliaires producteurs d'humeur aqueuse.

Les récepteurs de la mélatonine appartiennent à la superfamille des récepteurs couplés aux protéines G et leur activation conduirait à différentes voies de signalisation en fonction du tissu ... le travail actuel met en évidence le rôle important de la mélatonine et de ses analogues dans les yeux sains et glaucomateux, avec une attention particulière pour le contrôle de la pression intraoculaire. »

En outre, l'effet de la mélatonine sur la pression intraoculaire est connu depuis des décennies. En 1988, des chercheurs de l'université des sciences de la santé de l'Oregon ont exposé des sujets à une lumière vive, afin de supprimer les taux de mélatonine sérique, puis les ont supplémentés en mélatonine pour évaluer son effet sur la pression intraoculaire. Un lien significatif a été trouvé :

« Nos données suggèrent que pendant la période où les taux de mélatonine dans le sérum sont les plus élevés, la PIO est la plus basse. Tous les sujets avaient des pressions maximales entre 16 et 18 heures et la plupart des sujets avaient des pressions minimales entre 2 et 5 heures. Dans la première expérience, la suppression de la sécrétion de mélatonine par la lumière vive a atténué la baisse de la PIO tôt le matin. Ce résultat est statistiquement significatif et suggère que la mélatonine est impliquée dans la baisse de la PIO matinale.

Dans la première expérience, la suppression de la production de mélatonine par la lumière vive n'a été que partielle et, par conséquent, il n'y a pas eu de différence significative de PIO entre les sujets exposés à une lumière faible et à une lumière vive. Cependant, l'administration de 200 microgrammes de mélatonine par voie orale a entraîné une diminution significative de la PIO. La pression intraoculaire est restée basse pendant environ quatre heures après la dernière dose. »

La mélatonine pour la santé visuelle

La mélatonine semble avoir des effets considérables sur la santé des yeux, même au-delà du glaucome. La cataracte, par exemple, est associée au stress oxydatif, et la recherche suggère que la mélatonine contrecarre les dommages oxydatifs dans le cristallin et pourrait être un « agent thérapeutique potentiel pour la prévention / gestion de la cataracte ».

La mélatonine pourrait également être utile dans le cas de la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) neurovasculaire qui se caractérise par une angiogenèse anormale dans la rétine et entraîne une perte de vision sévère chez plus de 90 % des personnes touchées. Le composé inhibe l'angiogenèse des cellules progénitrices endothéliales et la DMLA néovasculaire. Selon une étude publiée dans le journal Cells :

« La promotion ou l'inhibition de l'angiogenèse fait partie de l'équilibre homéostatique, avec des effets positifs et négatifs en dehors de la plage optimale. La mélatonine influe sur cet équilibre et plusieurs études cliniques ont démontré que cette hormone a des effets antiangiogéniques sur le cancer et les maladies oculaires chroniques. »

Des études sur l'animal suggèrent également que la mélatonine protège la rétine en cas de DMLA sèche, tandis que des rapports anecdotiques font état d'expériences « favorables » chez des adultes atteints de DMLA qui ont pris des compléments de mélatonine. Une étude a suggéré qu'une dose de 3 à 20 milligrammes de mélatonine au coucher pourrait être utile pour contrôler la DMLA sèche.

Il existe également une composante mitochondriale, puisqu'une altération de la biogenèse mitochondriale est observée dans les cellules rétiniennes humaines touchées par la DMLA et la mélatonine est un traitement potentiel. C'est ce qu'expliquent le journal Expert Opinion on Therapeutic Targets :

« Au cours du vieillissement, l'insuffisance des systèmes de piégeage des radicaux libres, l'altération des mécanismes de réparation de l'ADN et la réduction de la dégradation et du renouvellement des mitochondries contribuent à l'accumulation massive de DRO [dérivés réactifs de l'oxygène] qui perturbent la fonction mitochondriale. L'altération de la fonction mitochondriale entraîne une diminution de la capacité autophagique et l'induction d'une inflammation et d'une apoptose dans les cellules humaines de l'EPR affectées par la DMLA. »

Fait important, qu'ils ont noté, « l'effet de la mélatonine sur la fonction mitochondriale entraîne une réduction du stress oxydatif, de l'inflammation et de l'apoptose dans la rétine. Ces résultats démontrent que la mélatonine a le potentiel de prévenir et de traiter la DMLA ».

Quels sont les autres effets de la mélatonine ?

Dans le corps humain, en plus d'avoir des effets antioxydants directs, la mélatonine stimule la synthèse du glutathion et d'autres antioxydants importants comme la superoxyde dismutase et la catalase.

La mélatonine augmente le glutathion grâce à un effet génomique sur l'enzyme qui régule la synthèse de la gamma glutamylcystéine synthase, l'enzyme limitant la vitesse de synthèse du glutathion. La mélatonine active cette enzyme.

Le glutathion a tendance à se trouver à des concentrations élevées dans les cellules, bien qu'une partie soit présente également dans l'espace extracellulaire et les mitochondries. Les effets antioxydants de la mélatonine sont assez divers. Toutefois, ils incluent la prévention de la génération de radicaux libres en améliorant l'efficacité de la chaîne de transport d'électrons afin que moins d'électrons s'échappent vers les molécules d'oxygène pour générer un radical super oxyde.

La mélatonine a également des effets antiviraux et anti-inflammatoires, et plus de 140 études scientifiques suggèrent que la mélatonine est un agent utile pour le traitement du SRAS-CoV-2, selon une étude publiée dans Cellular and Molecular Life Sciences.

L'une des raisons pour lesquelles la mélatonine agit comme agent anti-COVID-19 est due à son rôle contre la septicémie (empoisonnement du sang). La mélatonine a empêché la mort de nouveau-nés souffrant de septicémie bactérienne sévère et semble également inverser les symptômes du choc septique en :

• Réduisant la synthèse des cytokines pro-inflammatoires
• Prévenant les dommages oxydatifs, l'endotoxémie et les altérations métaboliques induits par les lipopolysaccharides (LPS)
• Supprimant l'expression génique de la mauvaise forme d'oxyde nitrique, l'oxyde nitrique synthase inductible (iNOS)
• Prévenant l'apoptose (mort cellulaire)

La mélatonine joue également un rôle important dans la prévention du cancer, avec « des propriétés atoxiques, apoptotiques, oncostatiques, angiogénétiques, différenciatrices et antiprolifératives significatives contre toutes les tumeurs solides et liquides ».

Elle exerce « des effets anticancéreux directs et indirects », en partie grâce à ses effets antioxydants et immunomodulateurs. La mélatonine est également considérée comme importante pour la santé cérébrale, cardiovasculaire et gastro-intestinale.

Comment optimiser votre production de mélatonine

Pour certaines affections oculaires, un complément de mélatonine par voie orale peut s'avérer bénéfique. Toutefois, il est également conseillé d'optimiser la production de mélatonine par l'organisme, ce que vous pouvez faire naturellement. L'optimisation de la production de mélatonine commence par un ensoleillement suffisant pendant la journée, car cela contribue à régler votre horloge circadienne.

Au moins 15 minutes de lumière du Soleil le matin contribue à réguler la production de mélatonine, la ramenant à des taux diurnes normaux, de sorte que vous vous sentez éveillé pendant la journée et que vous dormez mieux la nuit.

À l'approche du soir et du coucher du Soleil, vous devez éviter l'éclairage artificiel. La lumière bleue des écrans des appareils électroniques et des lampes LED est particulièrement problématique et inhibe la production de mélatonine. Si vous avez besoin d'éclairage, utilisez des ampoules à incandescence, des bougies ou des lampes en sel.

La lumière bleue des écrans des appareils électroniques peut être neutralisée avec un logiciel de blocage du bleu ou en portant des lunettes qui filtrent le bleu. Vous devriez également dormir dans l'obscurité totale la nuit, car même la lumière qui traverse les paupières fermées peut supprimer la mélatonine. Si votre chambre n'est pas plongée dans le noir à l'heure du coucher, envisagez de porter un masque de sommeil.

Il peut également être utile de pratiquer des activités de réduction du stress, telles que des étirements ou de la méditation, avant le coucher. En effet, la libération de mélatonine dépend de la libération d'une autre hormone, la norépinéphrine.

L'excès de stress et la libération résultante de cortisol inhibe la libération de norépinéphrine et, par conséquent, la libération de mélatonine. En plus des techniques de réduction du stress, essayez de limiter les activités stressantes (comme les projets de travail) en soirée.