📝 EN BREF

  • Le 7 novembre 2023, la Food and Drug Administration américaine a annoncé qu'elle envisageait de retirer l'autorisation de l'antibiotique Carbadox, ajouté à l'alimentation des porcs pour prévenir les infections et faire grossir les animaux, suite à des inquiétudes à propos d'un risque de cancer.
  • Le médicament est interdit dans l'Union européenne depuis 1999 et au Canada depuis 2006. La Chine, le Brésil, l'Australie et le Royaume-Uni l'ont également interdit en raison des risques de cancer qu'il présente.
  • En 2014, la commission du Codex des Nations unies sur les résidus de médicaments vétérinaires dans les aliments a déterminé qu'il n'existe pas de niveau sûr de résidus de Carbadox ou de ses métabolites dans les aliments qui représente un risque acceptable pour les consommateurs.
  • Il est démontré que le Carbadox provoque des cancers du foie et des malformations congénitales chez les animaux de laboratoire et qu'il a des effets durables sur le microbiome intestinal des porcs, même après le retrait du médicament.
  • Une étude de 2017 a révélé que le Carbadox induisait des bactériophages transducteurs dotés de gènes de résistance à la tétracycline, aux aminoglycosides et aux bêta-lactamines, trois classes de médicaments couramment utilisées en médecine humaine. Les conclusions de l'étude rejettent l'argument du fabricant du médicament et du National Pork Producers Council selon lequel le Carbadox n'étant pas utilisé en médecine humaine, il ne contribuera pas à la résistance aux médicaments chez l'humain.

🩺Par le Dr. Mercola

Les animaux élevés dans des exploitations d'engraissement en milieu confiné reçoivent régulièrement une série de médicaments vétérinaires pour prévenir les maladies, et certains de ces médicaments pourraient avoir un impact sur la santé des personnes qui consomment leur viande.

Le 7 novembre 2023, la Food and Drug Administration américaine a annoncé qu'elle envisageait de retirer l'autorisation de l'antibiotique Carbadox (connu sous le nom commercial Mecadox), ajouté à l'alimentation des porcs pour prévenir les infections et faire grossir les animaux, suite à des inquiétudes à propos d'un risque de cancer. Le Registre fédéral indique :

« Le Centre de médecine vétérinaire (CVM)... de la Food and Drug Administration, propose de retirer l'approbation de toutes les nouvelles demandes de médicaments pour animaux (NADA) prévoyant l'utilisation du Carbadox dans les aliments avec médicaments ajoutés pour les porcs...
Cette action résulte du fait que le CVM a déterminé qu'il n'existe pas de méthode réglementaire approuvée pour détecter les résidus cancérigènes dans les tissus comestibles des porcs traités. »

Comment un agent cancérigène a fini par être utilisé pendant des décennies

En vertu de la clause Delaney de l'article 512 de la loi fédérale sur les aliments, les médicaments et les cosmétiques, un médicament pour animaux ne peut être approuvé par la FDA s'il est établi qu'il « induit le cancer lorsqu'il est ingéré par l'homme ou l'animal ». Dans le cas du Carbadox, le médicament était connu pour provoquer des cancers du foie et des malformations congénitales chez les animaux de laboratoire.

Le CVM l'a tout de même approuvé en vertu d'une exception à la clause Delaney, connue sous le nom de la clause restrictive Diéthylstilbestrol « DES » Proviso, qui permet d'approuver un médicament cancérigène si, dans les conditions d'utilisation, il s'avère que le médicament n'a pas d'effet néfaste sur les animaux traités et si aucun résidu de médicament ne peut être trouvé « par une méthode réglementaire approuvée dans les tissus comestibles de l'animal ou dans les aliments provenant de celui-ci ». Comme l'explique la FDA :

« En 1998, le Center de médecine vétérinaire (CVM) de la FDA a approuvé la méthode de test la plus récente pour le Carbadox, sur la base des informations dont disposait le CVM à l'époque.
La méthode repose sur la mesure du résidu non cancérigène, l'acide quinoxaline-2-carboxylique (QCA), comme marqueur pour démontrer que le résidu cancérigène dans les tissus comestibles des animaux traités au Carbadox est descendu à un taux qui satisfait à la clause restrictive DES Proviso.
Toutefois, des informations ultérieures ont montré que les résidus cancérigènes du Carbadox persistent plus longtemps qu'on ne le pensait. Cela signifie que le QCA non cancérigène n'est pas un marqueur fiable...
En particulier, comme il n'existe pas de relation établie entre le QCA non cancérogène mesuré par la méthode approuvée en 1998 et le résidu cancérogène préoccupant, cette méthode ne permet pas à la FDA de déterminer si le résidu cancérogène préoccupant peut être trouvé dans tout tissu comestible des animaux traités ou dans tout aliment dérivé de ceux-ci.
En conséquence, en novembre 2023, la FDA a révoqué la méthode approuvée en 1998. Il n'existe actuellement aucune méthode approuvée pour le Carbadox. En l'absence d'une méthode approuvée, le deuxième volet de l'exception DES Proviso à la clause Delaney, qui exige "qu'aucun résidu de ce médicament ne soit trouvé..., dans toute partie comestible de ces animaux après l'abattage ou dans tout aliment produit par ou dérivé des animaux vivants", n'est pas respecté. »

Une action attendue depuis longtemps

Le fait est que la FDA sait depuis sept ans, voire plus, que la méthode d'essai initiale est inadéquate. Dans sa proposition de retrait du médicament en 2016, la FDA a même noté que :

« Le maintien de l'autorisation du Carbadox exposerait l'homme à des concentrations de résidus totaux cancérogènes environ 30 fois plus élevées (pour la période de rétractation approuvée de 42 jours) ou 11 fois plus élevées (pour la période de rétractation approuvée de 70 jours) que la concentration de 0,915 ppb de résidus totaux cancérogènes dans le foie qui serait considérée comme sûre. »

Deux ans auparavant, en 2014, la commission du Codex des Nations unies sur les résidus de médicaments vétérinaires dans les aliments a déterminé « qu'il n'existe pas de taux sûr de résidus de Carbadox ou de ses métabolites dans les aliments qui représente un risque acceptable pour les consommateurs ».

Pourtant, il ne s'est rien passé. On ne sait pas exactement pourquoi l'agence n'a pas procédé au retrait du médicament en 2016. L'Union européenne a interdit le Carbadox en 1999 et le Canada a fait de même en 2006. Le médicament est également interdit en Chine, au Brésil, en Australie et au Royaume-Uni.

Selon le National Pork Producers Council, le retrait du médicament pourrait entraîner la perte de millions de porcs en raison de la dysenterie porcine, contre laquelle le médicament est utilisé. Cependant, si le Carbadox est si essentiel, comment les élevages porcins de l'UE, du Canada et de la Chine font-ils pour survivre ? Il est clair qu'il doit y avoir d'autres alternatives.

Le Carbadox a un impact durable sur l'intestin des porcs

Si le Carbadox ne semble pas provoquer de cancer chez les porcs, il est démontré qu'il a des effets durables sur leur microbiome intestinal. Une étude de 2004 indique :

« Six porcs (âgés initialement de 3 semaines) ont reçu des aliments contenant du Carbadox et six ont reçu des aliments non modifiés. Après 3 semaines d'administration continue de Carbadox, tous les porcs furent soumis à un régime sans Carbadox. L'ADN a été extrait des déjections (n = 142) prélevées avant, pendant et après (période de retrait de 6 semaines) le traitement au Carbadox.
Nous avons constaté que le Carbadox modifiait la composition bactérienne et la structure de la communauté par rapport aux porcs non médicamentés, dont une réduction du nombre total de bactéries... [L]es résultats montrent que la communauté bactérienne de l'intestin du porc change au fil du temps et que le Carbadox influence ces microbiotes, même plusieurs semaines après son retrait. »

Le Carbadox pourrait conférer une résistance aux antibiotiques à l'humain

Une étude de Johnson et al. parue en 2017 a confirmé que le Carbadox a de profonds effets sur le microbiome intestinal des porcs. Fait important, ils ont également constaté que le médicament induisait des bactériophages transducteurs dotés de gènes de résistance à la tétracycline, aux aminoglycosides et aux bêta-lactamines, trois classes de médicaments couramment utilisées en médecine humaine.

Les bactériophages sont décrits comme les « virus des bactéries », dans la mesure où ils infectent les cellules et réalisent des transferts horizontaux de gènes en éjectant de l'ADN bactérien. Lance Price, de l'École de santé publique du Milken Institute, a commenté ces résultats :

« [Les] résultats soulignent les conséquences potentielles imprévues de l'utilisation d'antibiotiques dans la production animale et remettent en question nos méthodes actuelles de classification pour déterminer si un médicament vétérinaire est pertinent ou non pour la santé humaine...
[C]ertains médicaments sont utilisés exclusivement pour les animaux d'élevage, tels que la céphalosporine de troisième génération ceftiofur ou... l'enrofloxacine. Ces deux médicaments... ne sont jamais utilisés en médecine humaine. Toutefois, les bactéries qui développent une résistance à ces médicaments sont également résistantes à leurs analogues en médecine humaine, la ceftriaxone et la ciprofloxacine, respectivement.
Des études à grande échelle démontrent que l'utilisation vétérinaire de ces antimicrobiens peut entraîner des infections résistantes chez les individus... Outre ces analogues partagés, il y a ceux qui appartiennent à des classes d'antibiotiques utilisées exclusivement chez les animaux destinés à l'alimentation, notamment les ionophores et le... Carbadox...
Le Carbadox a une histoire mouvementée dans le domaine de l'élevage... Parce qu'il n'est pas considéré comme ayant une importance médicale en médecine humaine, il peut être utilisé chez les animaux d'élevage sans la surveillance d'un vétérinaire...
Cependant, l'étude de Johnson et al. indique que l'utilisation du Carbadox chez les animaux destinés à l'alimentation peut non seulement augmenter le risque de cancer et de malformations congénitales, mais également favoriser la transmission de gènes de résistance aux antimicrobiens codés par des phages. Le Carbadox est génotoxique et mutagène, et il constitue donc un puissant inducteur de la voie SOS et des prophages...
Paradoxalement, et en lien avec la question de savoir si le Carbadox doit être considéré comme ayant une importance médicale, certains des gènes transférés codent pour la résistance à des classes d'antibiotiques couramment utilisées en médecine humaine, dont les tétracyclines, les aminoglycosides et les bêta-lactamines...
[D]ans les conditions réelles de l'élevage, le médicament est souvent accompagné ou immédiatement suivi par d'autres antibiotiques. Pour certaines applications, le promoteur du médicament recommande même d'utiliser le Carbadox en association avec l'oxytétracycline, ce qui pourrait favoriser l'expansion des populations bactériennes qui acquièrent des gènes de résistance à la tétracycline à la suite de la transmission de phages induite par le Carbadox.
De futures études devront être menées pour déterminer si le Carbadox agit en synergie avec d'autres médicaments pour favoriser l'émergence rapide d'agents pathogènes résistants aux antibiotiques administrés simultanément avec le Carbadox. »

Les conclusions de l'étude de Johnson et al. rejettent l'argument du fabricant du médicament et du National Pork Producers Council selon lequel le Carbadox n'étant pas utilisé en médecine humaine, il ne contribuera pas à la résistance aux médicaments chez l'humain.

Les autres médicaments présentant un danger potentiel pour les porcs

Outre le Carbadox, utilisé pour environ 40 % des porcs élevés aux États-Unis, de nombreux troupeaux sont également traités de manière routinière avec des « vaccins » personnalisables à base d'ARNm. Étant donné que les autorités sanitaires insistent sur l'innocuité des vaccins contre le COVID, il n'est pas étonnant qu'elles insistent également sur l'absence de problèmes liés à la consommation de viande traitée à l'ARNm. Mais pouvons-nous leur faire confiance ?

Les animaux d'élevage tels que les porcs sont régulièrement vaccinés contre plusieurs maladies, et nombre de ces vaccins doivent être administrés à des moments précis pour qu'il ne reste aucun résidu dans la viande. En revanche, l'utilisation de la plate-forme à ARNm n'est pas limitée dans le temps. Donc, quand les porcs vont-ils recevoir ces injections d'ARNm personnalisées ? La viande de porc que vous achetez pourrait-elle contenir de l'ARNm ?

Les vaccins sont presque toujours administrés dans l'arrière-train de l'animal et, selon les développeurs des vaccins à ARNm, l'ARNm reste au point d'injection. Cette théorie s'est avérée fausse depuis longtemps, car il est démontré que l'ARNm du vaccin contre le COVID est distribué dans l'ensemble du corps humain.

Mais il est logique que l'ARNm soit plus concentré au point d'injection. Dans l'élevage, cela pourrait être une mauvaise nouvelle, car c'est généralement de l'arrière-train que proviennent les meilleurs morceaux de viande.

Il est donc important de savoir s'il reste de l'ARNm dans l'animal au moment de l'abattage. À l'heure actuelle, nous n'avons aucun moyen de le savoir. Nous ne savons même pas exactement combien de temps l'ARNm enveloppé de lipides synthétiques reste dans le corps.

Nous ne savons pas non plus combien de temps l'antigène produit par les cellules de l'animal en réponse à une injection d'ARNm personnalisée reste dans l'organisme, ni si l'ingestion de cet antigène peut avoir des répercussions sur la santé humaine.

Les chercheurs de Stanford ont découvert que la protéine Spike produite en réponse à l'injection de COVID reste dans le corps humain pendant au moins 60 jours, et que cette protéine Spike est à l'origine de la plupart des problèmes de santé associés au vaccin.

Pourrait-il en être de même pour les vaccins à base d'ARNm utilisés chez les animaux ? Les porcs peuvent être abattus entre 6 semaines et 10 mois, ce qui ne laisse pas beaucoup de temps à l'ARNm et/ou à l'antigène pour être éliminés.

En raison des incertitudes qu'ils impliquent, je recommande vivement d'éviter les produits à base de porc. La viande de porc est également très riche en acide linoléique, un acide gras oméga 6 nocif qui favorise les maladies chroniques, ce qui constitue une raison supplémentaire de l'éviter.