📝 EN BREF

  • Le bruit est défini comme tout son indésirable ou dérangeant, tandis que la pollution sonore correspond à l'accumulation de niveaux sonores excessifs ou nocifs dans l'environnement, pouvant perturber la vie humaine ou animale
  • Malgré sa fréquence, de nombreuses personnes ignorent les risques sérieux pour la santé relatifs à l’exposition à la pollution sonore
  • La perte auditive due au bruit est une conséquence courante d’une exposition prolongée aux bruits forts. Des études ont également établi un lien entre la pollution sonore et les risques cardiovasculaires, le dysfonctionnement endocrinien, les problèmes cognitifs et d'autres troubles de santé
  • L'OMS recommande un niveau de volume quotidien sûr de 80 décibels (dB) jusqu'à 40 heures par semaine, cependant, plusieurs personnes sont exposées à des sons qui dépassent largement ce niveau de son. Des conseils pratiques sont inclus pour vous aider à lutter contre la pollution sonore et à préserver votre santé globale

🩺Par le Dr. Mercola

Le bruit est généralement défini comme tout son indésirable ou dérangeant. Il peut provenir de sources naturelles telles que les orages ou les animaux, ou de sources artificielles comme les travaux de construction, les transports, les appareils électroménagers et les instruments de musique.

La pollution sonore, quant à elle, correspond à l'accumulation de niveaux sonores excessifs ou nocifs dans l'environnement, pouvant perturber la vie humaine ou animale. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la pollution sonore est devenue une « nuisance environnementale majeure », affectant des millions de personnes à travers le monde.

Ce problème est largement présent dans les zones urbaines, où les sources de bruit sont nombreuses et où il est souvent difficile de trouver la paix et la tranquillité. Pourtant, malgré sa fréquence, de nombreuses personnes ignorent les risques sérieux pour la santé relatifs à l’exposition à la pollution sonore.

Perte auditive : Une conséquence courante due à l’exposition au bruit

L’un des problèmes les plus courants causés par la pollution sonore est la perte auditive due au bruit (PAB). Les données de l'Institut National sur la surdité et autres troubles de la communication (NIDCD) révèlent qu'au moins 10 millions d'adultes américains sont touchés par cette maladie. Un article de l'OMS explique en outre comment la perte auditive due au bruit se produit :

« L'exposition à des sons forts pendant n'importe quelle durée entraîne la fatigue des cellules sensorielles de l'oreille. Il en résulte une perte auditive temporaire ou des acouphènes (sensation de bourdonnement dans l’oreille)… Lorsque l’exposition est particulièrement forte, régulière ou prolongée, elle peut causer des dommages permanents aux cellules sensorielles et à d'autres structures, entraînant une perte auditive irréversible…
Une exposition continue conduit à une progression de la perte auditive, affectant finalement la compréhension de la parole et ayant un impact négatif sur la qualité de vie de l'individu ».

L'intensité du son est mesurée en décibels (dB), tandis que le décibel pondéré A ou dBA ne se réfère pas seulement à l'intensité, mais à la manière dont elle est perçue par nos oreilles. Les sons égaux ou inférieurs à 70 dBA sont considérés comme relativement sûrs même en cas d'exposition prolongée, tandis que ceux supérieurs à 85 dBA peuvent entraîner une perte auditive au fil du temps. Les pratiques d'écoute non sécuritaires, telles que l'utilisation d'appareils d'écoute personnels comme des écouteurs à volume élevé ou la fréquentation de lieux de divertissement bruyants, augmentent également vos risques de perte auditive due au bruit.

Une étude publiée dans «BMJ Global Health» a révélé que plus d'1 milliard de jeunes pourraient courir un risque de perte auditive en écoutant de la musique à des volumes pouvant atteindre 105 dB avec leurs écouteurs, mettant en évidence l'importance des politiques visant à promouvoir des pratiques d'écoute sécurisées.

« L'ouïe est une faculté précieuse, et les dommages auditifs causés par un bruit excessif sont irréversibles. La perte auditive a un impact sur la qualité de vie globale des personnes touchées, tandis que les coûts des soins de santé pour la société augmentent. Le bruit induit de la perte auditive est évitable, et il est nécessaire de faire davantage pour éviter cette perte », affirme l’OMS.

Les risques cardiovasculaires augmentent avec la pollution sonore

Au-delà de la perte auditive, des recherches ont démontré le lien entre le bruit et les maladies cardiovasculaires. Une étude convaincante présentée lors de la session scientifique annuelle du Collège américain de cardiologie en 2022 a révélé que la pollution sonore pourrait être responsable d'1 crise cardiaque sur 20.

Les chercheurs ont analysé les données de près de 16 000 patients du New Jersey hospitalisés pour crise cardiaque en 2018. En utilisant leurs adresses personnelles, les chercheurs ont estimé l'exposition quotidienne au bruit des patients et les ont classés en zones à fort bruit (65 dB ou plus) et zones à faible bruit (50 dB ou moins).

Leurs résultats ont montré que les taux de crises cardiaques étaient de 3,3 % dans les zones très bruyantes, contre 1,9 % dans les régions les plus calmes. Cela indique qu’environ 5 % de toutes les crises cardiaques survenues dans des environnements urbains bruyants pourraient être attribuées à des niveaux de bruit élevés.

De même, une étude publiée dans la revue Environmental Health Perspectives a révélé que l'exposition au bruit des transports, de jour comme de nuit, augmentait le risque de maladies cardiovasculaires de 4 % pour chaque augmentation de 4 dB du bruit parmi une cohorte de femmes aux États-Unis.

Les chercheurs ont également noté que ces effets ne sont pas atténués par le sommeil, ce qui signifie que même si vous parvenez à dormir malgré les bruits forts, votre corps réagira toujours à ces bruits en déclenchant une cascade de réponses au stress qui contribuent au risque cardiovasculaire. Ces résultats sont confirmés par une autre étude publiée dans la revue « Circulation Research » :

« Le bruit de la circulation la nuit entraîne une fragmentation et un raccourcissement du sommeil, une augmentation des niveaux d'hormones de stress et une augmentation du stress oxydatif dans le système vasculaire et le cerveau. Ces facteurs peuvent favoriser le dysfonctionnement vasculaire (endothélial), l'inflammation et l'hypertension artérielle, augmentant ainsi le risque cardiovasculaire ».

Le bruit peut perturber votre système endocrinien

Comme le souligne l’étude de « Circulation Research», votre réponse cognitive à la pollution sonore peut influencer votre équilibre endocrinien en déclenchant la surproduction d’hormones de stress. « La stimulation par le bruit de l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien et du système nerveux sympathique entraîne la libération d'hormones de stress telles que le cortisol et les catécholamines», expliquent les chercheurs.

Dans mon entretien précédent avec Georgi Dinkov, expert des travaux de feu Ray Peat, Ph.D., auteur et pionnier en nutrition, médecine bioénergétique, facteurs environnementaux et processus de régénération, nous avons examiné les effets nocifs d'une élévation prolongée des niveaux de cortisol, car sa nature catabolique peut provoquer une inflammation accrue.

De même, les chercheurs de l'étude ont noté que le déclenchement des voies neuroendocrines par le bruit « induit une inflammation, entraînant une augmentation des niveaux d'IL (interleukine)-6, d'IL-1β et de monocytes pro-inflammatoires, ainsi qu'un stress oxydatif ».

La pollution sonore a un impact sur la santé cognitive

Les experts estiment que la pollution sonore influence la fonction cognitive, bien que ce domaine soit moins étudié que ses effets sur la santé cardiovasculaire. Dans une revue publiée dans l’« International Journal of Hygiene and Environmental Health», les chercheurs ont analysé des études sur les effets à long terme de la pollution de l'air et du bruit ambiant chez les adultes de 18 ans et plus.

Leurs résultats montrent que l'exposition à la pollution de l'air et au bruit est « associée à un ou plusieurs indicateurs de la fonction neurocognitive, des troubles de l'humeur et des maladies neurodégénératives dans plusieurs études ».  La recherche montre également que les enfants exposés au bruit environnemental sont particulièrement sujets à des effets négatifs sur leurs performances cognitives.

Une fois que des problèmes auditifs surviennent, cela peut augmenter le risque d’isolement social, de dépression et de démence. Malheureusement, moins de 30 % des personnes de plus de 70 ans atteintes de perte auditive porteront des aides auditives, malgré des preuves convaincantes de l'Université d'Exeter et du King's College de Londres montrant que le port d'une aide auditive peut contribuer à réduire le risque de développer une démence.

D'autres moyens par lesquels le bruit peut nuire à votre santé

Le bruit nocturne perturbe le sommeil, entraînant d'immenses problèmes de santé liés au manque de sommeil. Des études indiquent également que la pollution sonore peut avoir un effet négatif sur la santé reproductive et la grossesse. Des recherches sur les femmes enceintes ont révélé que l’exposition au bruit et à la pollution de l’air peut entraîner une diminution du poids à la naissance. De plus, une étude sur des rongeurs mâles ont montré des réductions significatives des niveaux de testostérone avec une exposition chronique au bruit d'environ 100 dB.

En outre, une méta-analyse publiée dans la revue « GeoHealth » a révélé que l'exposition à la pollution sonore est associée à un risque accru de :

  • Névrome acoustique
  • Asthme et bronchite, surtout chez les enfants
  • Dysfonctionnement gastro-intestinal, comme une diminution de la motilité et une augmentation de la sécrétion d'acide

Conseils pratiques pour protéger votre santé de la pollution sonore

Conformément aux directives de l'OMS, le niveau de volume quotidien sûr est de 80 dB jusqu'à 40 heures par semaine. Les signes indiquant que le bruit est trop fort incluent la nécessité de hausser la voix pour se faire entendre, des difficultés à comprendre quelqu'un à proximité et des douleurs ou des bourdonnements dans les oreilles.

Prendre des mesures proactives pour lutter contre la pollution sonore est crucial pour préserver votre ouïe et votre bien-être global. Même de légères réductions de volume peuvent offrir une protection substantielle. Voici quelques stratégies pratiques que je vous recommande de mettre en œuvre :

Adoptez des habitudes d’écoute sûres en baissant le volume de vos appareils audio personnels.

Téléchargez une application de décibel mètre sur votre smartphone pour recevoir des avertissements si le volume atteint des niveaux dangereux.

Portez des bouchons d'oreilles dans des environnements bruyants, et portez toujours des protections auditives si vous travaillez dans des environnements bruyants.

Utilisez des écouteurs/casques antibruit soigneusement ajustés, qui vous permettent d’écouter confortablement les sons à un volume inférieur. Choisissez les options filaires, car les écouteurs sans fil peuvent vous exposer aux champs électromagnétiques (CEM).

Limitez le temps que vous consacrez à des activités bruyantes.

Faites des pauses d'écoute régulières après avoir utilisé des appareils audio personnels pour donner du repos à vos oreilles.

Limitez l’utilisation quotidienne des appareils audio personnels à moins d’une heure afin de minimiser une exposition prolongée.

Pensez à déménager si vous habitez dans une zone bruyante. Si cela n'est pas faisable, envisagez d'insonoriser votre maison en ajoutant des carreaux acoustiques à votre plafond et à vos murs. L’installation de fenêtres à double vitrage, d’isolation, de rideaux épais et de tapis peut également contribuer à réduire le volume sonore.

Utilisez des écouteurs antibruit pour éliminer les perturbations sonores occasionnelles comme celles provenant de la circulation ou des tondeuses à gazon. Portez des protections auditives lorsque vous utilisez votre tondeuse à gazon ou votre souffleuse de feuilles.