📝En bref

  • Le cancer est une maladie métabolique et non génétique. Les mutations génétiques observées dans le cas de certains cancers sont une conséquence d’un métabolisme énergétique défectueux des mitochondries (qui s’apparentent à des centrales d’énergie à l’intérieur de vos cellules)
  • Tant que vos mitochondries restent en bonne santé et fonctionnelles, votre risque de développer un cancer est faible
  • La thérapie basée sur un régime cétogène exige la limitation des glucides à 50 grammes nets par jour, ainsi que celle des protéines. Je recommande un maximum de 1 gramme de protéines par kilogramme de masse corporelle maigre. La glycémie à jeun doit être inférieure à 70 mg/dL

🩺Par le Dr. Mercola

Pour éviter de devenir une statistique du cancer (et qui le souhaite ?), vous devriez vous familiariser avec la théorie métabolique du cancer.

En août 2016, nous avons remis le prix du « Mercola.com Game Changer » à Thomas Seyfried, Ph.D., professeur de biologie au Boston College et l’un des meilleurs experts et chercheurs dans le domaine du métabolisme du cancer et de la cétose nutritionnelle.

Vous retrouverez ci-dessous une reprise de cet article populaire important et l’entretien avec Thomas Seyfried, au cours duquel nous évoquons son livre, « Cancer as a Metabolic Disease » En Anglais, une contribution importante à la réflexion concernant la façon dont le cancer débute et dont il peut être traité.

Chaque jour, près de 1 600 personnes meurent du cancer aux États-Unis seulement. À l’échelle mondiale, on parle d’environ 21 000 personnes qui en meurent chaque jour. Certains de ces décès sont inutiles, car ils pourraient être évités et traités.

Thomas Seyfried est l’un des pionniers dans l’application d’une cétose nutritionnelle pour le cancer. Il s’agit d’une thérapie associée aux travaux du Dr Otto Warburg, qui a incontestablement été l’un des biochimistes les plus brillants du 20e siècle. Otto Warburg a reçu le prix Nobel en physiologie ou médecine en 1931 pour sa découverte du métabolisme des cellules malignes.

Otto Warburg a également obtenu un doctorat en médecine (M.D./Ph.D.) et comptait parmi les amis d’Albert Einstein et de nombreux éminents scientifiques de l’époque. La mission de sa vie était de parvenir à trouver un remède contre le cancer et il y est parvenu. Malheureusement, peu ont été ceux qui ont apprécié l’importance de sa découverte.

Thomas Seyfried a marché sur les pas du scientifique Otto Warburg et conduit des recherches importantes pour faire avancer cette science. En fait, il est allé au-delà de la supposition initiale d’Otto Warburg, en mettant en lumière les causes métaboliques du cancer.

Envisager le cancer comme une maladie métabolique

La vision ou le dogme traditionnellement admis consiste à dire que le cancer est une maladie génétique. Mais ce qu’Otto Warburg a découvert, c’est que le cancer est vraiment provoqué par un dysfonctionnement du métabolisme énergétique cellulaire des cellules, essentiellement lié au fonctionnement des mitochondries, qui s’apparentent à de petites centrales d’énergie à l’intérieur de chaque cellule.

Les mitochondries n’étaient pas parfaitement comprises à l’époque d’Otto Warburg mais, aujourd’hui, nous disposons d’une meilleure perception de leur fonctionnement.

De mon point de vue, cette information change la donne car elle constitue une menace non seulement pour le cancer, mais également pour toutes les maladies connues chez l’homme, car au cœur des affections les plus graves, on retrouve un dysfonctionnement mitochondrial. Comme l’a noté Thomas Seyfried :

« Un dogme est considéré comme une vérité irréfutable et celle qui veut que le cancer soit une maladie génétique est, sans aucun doute, un véritable dogme. Le problème avec les dogmes, c’est que, parfois, ils nous empêchent de voir d’autres alternatives et mettent en place des idéologies qui sont extrêmement difficiles à remplacer.
Tous les principaux manuels universitaires parlent du cancer comme une maladie génétique. Sur le site Internet du National Cancer Institute (NCI), la première chose qui est dite, c’est que le cancer est une maladie génétique provoquée par des mutations... [et] si le cancer est une maladie génétique, tout découle de ce concept.
Il se répand dans l’industrie pharmaceutique, dans le milieu universitaire et dans l’industrie des manuels, en fait, dans toute la base des connaissances. On discute très peu des points de vue autres que celui de l’aspect génétique. À présent, l’argument est que, oui, des problèmes métaboliques se produisent au niveau des cellules cancéreuses. Personne remet cela en question.
Mais tous ces problèmes sont dus aux mutations génétiques. Par conséquent, nous devons tous suivre et maintenir le cap qui a été défini et selon lequel tous ces problèmes métaboliques peuvent être résolus si nous parvenons seulement à mieux comprendre les causes génétiques de la maladie.
Le souci, c’est que tout cela serait parfait si c’était vrai. Mais une accumulation d’éléments de preuve semble démontrer que les mutations que nous considérons être l’axe central et la base de la théorie génétique sont en réalité des épiphénomènes.
Il s’agit de conséquences de ce dysfonctionnement du métabolisme qu’Otto Warburg avait initialement défini dans les années 1920 et 30. »

Pourquoi la lutte contre le cancer n’est-elle pas encore gagnée ?

À présent, l’industrie de la lutte contre le cancer se concentre sur les effets en aval du problème, c’est pourquoi la « guerre contre le cancer » est un si misérable échec.

« Qu’il s’agisse des traitements personnalisés, des inhibiteurs de points de contrôle, tous ces types de thérapies s’attardent principalement sur les conséquences de la maladie », explique Thomas Seyfried. « Malheureusement, la plupart des cellules d’une tumeur sont toutes génétiquement différentes les unes des autres.
Vous ne pouvez donc pas cibler toutes les différentes cellules en adoptant ces types d’approche. Même si elles peuvent s’avérer prometteuses pendant quelques mois, voire un an chez certains patients, la plupart des malades ne présenteront pas une réaction efficace à ces types de thérapies. »

Pourquoi l’efficacité d’un brûleur de graisse est-elle si importante ?

Les dérivés réactifs de l’oxygène (DRO) ciblent également les mitochondries elles-mêmes, lors de la respiration, ce qui nous conduit à un point très important. Ces dérivés sont principalement produits par le couple de la coenzyme Q dans la chaîne de transport des électrons. Le glucose et les acides gras produisent le FADH2, qui peut générer les DRO.

En revanche, les corps cétoniques issus des acides gras produisent uniquement le NADH, qui augmente la couverture redox du couple de la coenzyme Q et réduit la production des DRO. C’est pourquoi, on considère les corps cétoniques comme un carburant plus « propre » que le glucose ou les acides gras. Aujourd’hui, la plupart des gens brûlent le glucose comme principal carburant, grâce à une surabondance de sucre et de céréales transformées dans l’alimentation et à une carence en acides gras sains.

Si moins de DRO sont produits au niveau des mitochondries, il en résulte moins de dommages pour les mitochondries et l’ADN. Ainsi, non seulement le remplacement du carburant qui alimente votre corps est le composant clé du traitement du cancer mais, selon moi, il s’agit du principal moyen dont vous disposez pour empêcher le développement initial du cancer.

« Je pense que c’est un point important. Une des choses qui déclenche le cancer est l’inflammation. Nous souffrons d’inflammation. Les niveaux élevés chroniques de glycémie créent une inflammation. Vous pouvez constater ce fait dans de nombreuses situations. Le glucose par lui-même n’est pas cancérigène, mais un métabolisme élevé et dérégulé du glucose peut provoquer une inflammation et provoquer un certain nombre d’autres perturbations à l’échelle de tout le métabolisme du corps », ajoute Thomas Seyfried.
« Si vous jeûnez, si vous arrêtez de manger, votre glycémie baisse. Votre taux d’insuline baisse. Le corps commence à métaboliser les acides gras en énergie. Mais, les acides gras ne sont qu’un élément. Les principaux composants, bien entendu, sont les corps cétoniques... Il s’agit de produits gras hydrosolubles. Ils pénètrent directement dans les cellules et sont métabolisés en acétyl-coenzyme A après une série d’étapes.
Ces étapes génèrent du nicotinamide adénine dinucléotide (NADH), qui est un réducteur équivalent. Mais, elles conservent également le couple coenzyme Q à l’état oxydé. Cela est très important, car c’est au niveau de ce couple coenzyme Q que sont initialement produits les DRO...
Les cétones fournissent un carburant propre uniquement dans le sens où ils suppriment la formation des DRO, notamment lorsque le taux de glycémie est bas, car en cas d’un nombre élevé de cétones ET d’une glycémie élevée, il y a acidocétose, qui peut mettre la vie en danger. »

Ne pas confondre la cétose nutritionnelle et l’acidocétose

La cétose nutritionnelle NE doit PAS être confondue avec l’acidocétose diabétique, qui n’est pas un problème sauf en cas de diabète de Type 1. Il est rare qu’une personne présentant une physiologie normale ait un nombre de cétones supérieur à 7 ou 8 millimoles (mmol). En cas d’acidocétose diabétique, le nombre de cétones est d’environ 20 mmol. De plus, le taux de glycémie est très élevé, alors qu’en cas de cétose nutritionnelle, le taux de glycémie est très bas. Il s’agit donc clairement de deux états complètement différents.

Et, tandis que l’acidocétose peut mettre la vie en danger, la cétose nutritionnelle est un état sain qui vous aide à maintenir une efficacité énergétique maximale tout en réduisant la production de DRO dans votre corps. Comme l’a remarqué Thomas Seyfried, « les mitochondries se portent très bien lorsque les cétones sont métabolisées, à l’inverse de ce qui se passe avec d’autres carburants, notamment le glucose ».

Au cours des dernières décennies, la plupart des adeptes de la santé naturelle ont tenté de contourner le problème des DRO en prenant des antioxydants, que ce soit via les aliments à forte teneur en polyphénols ou d’autres antioxydants naturels ou compléments. Je pense maintenant qu’il s’agit d’une stratégie fatalement vouée à l’échec, qui présente de nombreux inconvénients.

Au lieu de tenter de limiter les DRO après leur production, il est beaucoup plus efficace de traiter la production des DRO à sa source, à savoir le carburant que votre corps brûle principalement afin de produire de l’énergie. Changer de carburant, remplacer le sucre par les acides gras, permet de réduire la production des DRO.

La plupart des maladies résultent d’un dysfonctionnement mitochondrial

Le cancer n’est pas la seule conséquence d’un dysfonctionnement de la respiration mitochondriale. Ce type de dysfonctionnement joue également un rôle dans les maladies neurodégénératives, telles que la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson et la sclérose amyotrophique latérale.

Il joue également un rôle dans les troubles convulsifs et dans les diabètes, l’obésité, l’hypertension et l’hypercholestérolémie. La plupart des principales maladies que nous traitons actuellement par des médicaments puissants et toxiques pourraient être éventuellement éradiquées avec une intervention nutritionnelle appropriée qui détermine votre choix de carburants cellulaires.

Mais, comment y parvient-on précisément ? Selon Thomas Seyfried, pour parvenir à une cétose nutritionnelle, vous devez réduire votre taux net de glucides (total de glucides moins les fibres) à moins de 100 grammes, probablement même à moins de 50 grammes. Sur ce point, mon avis diffère et j’en expliquerai les raisons à la section suivante.

Vous devez également réduire votre richesse en acides aminés. La glutamine est l’acide aminé le plus courant dans les protéines et, outre le glucose, les cellules cancéreuses peuvent utiliser la glutamine comme énergie et pour se développer. Comme le note Thomas Seyfried, la combinaison du glucose et de la glutamine crée vraiment un « système suralimenté ».

Pour réduire la glutamine, vous devez consommer moins de protéines. Il existe également un seuil d’acides aminés, au-dessus duquel vous stimulez juste la voie mTOR, qui conjointement à l’insuline peut exercer une influence plus importante sur le dysfonctionnement mitochondrial et la biogenèse mitochondriale que l’insuline seule.

Comment évaluer l’état de vos mitochondries ?

Comment pouvez-vous évaluer l’état de santé de vos mitochondries ? Il existe, pour cela, différentes méthodes. Thomas Seyfried a publié un article sur le calculateur d’indice de glycémie/cétones3 (GKIC) dans un journal en accès libre, consultable par tous. Vous pouvez utiliser ce calculateur pour évaluer l’état et la vitalité de vos mitochondries.

Le GKIC s’intéresse à votre rapport glycémie/cétones. Les cétones doivent être mesurées par voie sanguine et non via l’urine. Votre glycémie dans être indiquée en mmol, et non en milligrammes par décilitre (mg/dL). « Lorsque votre rapport de glycémie est de 1,0 ou moins, vous savez que vos mitochondries sont en très bonne santé », explique Thomas Seyfried.

Atteindre ce rapport de 1,0 est assez difficile. En général, mon rapport se situe entre 2 et 3 et mon alimentation consiste en 80 % environ d’acides gras sains, avec un taux net minime de glucides. Vous devrez peut-être jeûner afin d’atteindre un rapport aussi bas. Cependant, il n’est pas nécessaire de rester longtemps dans cette zone ultra basse. D’un autre côté, si vous êtes atteint d’un cancer, vous souhaiterez atteindre ce rapport le plus possible.

« Si vous faites un jeûne à l’eau pendant trois à quatre jours, vous pouvez prendre des cétones exogènes et votre glycémie baissera », indique Thomas Seyfried. « Pour prévenir le risque de cancer, il n’est pas nécessaire de faire un jeûne [plus long que] quatre à cinq jours tous les six mois ou quelque chose comme ça. Il s’agit juste d’une indication », explique Thomas Seyfried.
« Certaines personnes peuvent atteindre ce rapport très rapidement et facilement. Pour d’autres, c’est un vrai combat. Tout cela permet de mesurer les biomarqueurs. Nous avons réalisé une analyse de régression linéaire sur la capacité de survie de souris atteintes du cancer en utilisant le GKI, la variable indépendante, le rapport glycémie/cétones.
Il existe certainement une relation statistique entre la durée de maintien de votre GKI [et] la durée de survie en cas de cancer agressif. Il s’agit clairement d’un simple système de biomarqueurs qui permet aux individus de combattre leur propre cancer. »

Informations supplémentaires

Si vous souhaitez vraiment étudier en détail la cétose thérapeutique, lisez le livre de Thomas Seyfried, « Cancer as a Metabolic Disease: En Anglais On the Origin, Management, and Prevention of Cancer ». Si vous préférez commencer par une lecture plus courte, lisez cet article « Cancer as a Metabolic Disease: Implications for Novel Therapeutics » En Anglais, publié dans le journal Carcinogenesis.

Nous espérons vous avoir encouragé à considérer les causes nutritionnelles du cancer et d’autres maladies. Je peux vous promettre que vous entendrez parler davantage de cette question dans les mois et les années à venir, car je suis convaincu que le traitement du dysfonctionnement mitochondrial est la véritable clé pour traiter la plupart de nos problèmes de santé actuels. La bonne nouvelle, c’est que l’optimisation de la fonction mitochondriale peut être obtenue assez efficacement via l’alimentation et la mise en place de stratégies de mode de vie, comme l’activité physique. Aucun médicament coûteux ni aucune procédure invasive n’est nécessaire.

Alors qu’il nous reste encore beaucoup de chemin à faire, de plus en plus de médecins commence à prêter attention à cette question. « Nous sommes à un tournant », indique Thomas Seyfried. « De nombreux médecins commencent à nous rejoindre. Je pense que les choses vont commencer à changer au profit d’une meilleure santé et du succès de tous. »

Trop de personnes sont mortes et trop continuent de mourir inutilement. Le moment est venu de revenir sur le bon chemin. Cela va nécessiter beaucoup d’efforts d’éducation, mais cela en vaut la peine. Des informations concernant les techniques permettant de prévenir le risque de cancer et d’autres maladies chroniques existent déjà. Il suffit juste de savoir comment les appliquer.