📝En bref

  • La carence et l’insuffisance en vitamine D sont fréquentes chez les femmes atteintes de SOPK, en particulier chez celles souffrantes de résistance à l’insuline ou d’obésité, et ce selon de nombreuses études épidémiologiques.
  • Une étude de juillet 2024, publiée dans le « Journal of Ovarian Research », révèle que la supplémentation en vitamine D chez les femmes souffrant de SOPK et présentant une carence en vitamine D améliore des paramètres métaboliques tels que l'indice de masse corporelle (IMC), la sensibilité à l’insuline ainsi que le profil lipidique.
  • Le SOPK est également lié à un risque accru de troubles alimentaires, notamment la boulimie et l’hyperphagie, ainsi qu’à une susceptibilité accrue à la maladie de Hashimoto.
  • Ainsi, optimiser le microbiote intestinal et le taux de vitamine D permettrait une meilleure gestion du SOPK, avec des effets bénéfiques sur l’axe intestin-cerveau.
  • D’autres stratégies pour gérer le SOPK sont détaillées ci-dessous, telles que la réduction de l'exposition aux PFAS, la diminution du stress, le traitement de la surcharge en œstrogènes et la prise de certains compléments.

🩺Par le Dr. Mercola

Le SOPK est une affection endocrinienne courante touchant 6 à 10 % des femmes en âge de procréer, et ce, à travers le monde. Caractérisé par des cycles menstruels irréguliers, un taux élevé d'androgènes et des kystes ovariens, le SOPK affecte non seulement la fertilité, mais également la santé métabolique générale. Cette maladie est associée à divers troubles métaboliques, comme le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires et la stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD).

Et bien qu'il n'existe aucun remède pour le SOPK, plusieurs stratégies permettent de gérer les symptômes et les troubles métaboliques associés. La supplémentation en vitamine D est une approche clé, car de nombreuses études épidémiologiques révèlent une prévalence de carence en vitamine D chez les patientes atteintes de SOPK, notamment celles présentant une résistance à l'insuline ou de l'obésité.

Pour examiner l’effet du vitamine D sur le SOPK, des chercheurs de l'Université Jiaotong de Xi'an à Shaanxi, en Chine, ont mené un essai contrôlé randomisé chez des patientes atteintes de SOPK et carencées en vitamine D. Ils ont constaté que la supplémentation apportait des effets bénéfiques sur les paramètres métaboliques.

Le lien entre la vitamine D et le SOPK

L’étude mentionnée, publiée en juillet 2024 dans le « Journal of Ovarian Research », a impliqué 60 femmes atteintes du SOPK et présentant une carence en vitamine D. Ils ont été répartis aléatoirement en groupe de vitamine D et un groupe témoin, chacun étant composé de 30 participants.

Le groupe de vitamine D a reçu un supplément quotidien de 2 000 UI de vitamine D pendant 12 semaines, en plus d’un traitement de base comprenant des conseils diététiques et des recommandations pour des exercices d’aérobic en plein air. Le groupe témoin a reçu uniquement le traitement de base sans supplémentation en vitamine D.

Les chercheurs ont mesuré divers paramètres clés tels que les concentrations en 25-hydroxyvitamine D, les niveaux d’insuline, le profil lipidique, l’IMC, le rapport taille-hanches ainsi que les paramètres du métabolisme lipidique.

Les résultats ont révélé des améliorations significatives dans le groupe de vitamine D par rapport au groupe témoin. Les femmes atteintes du SOPK qui ont reçu des suppléments de vitamine D ont connu une augmentation des niveaux de 25-hydroxyvitamine D, une réduction de l'IMC et du rapport taille-hanches, une diminution des niveaux d'insuline mais aussi une meilleure sensibilité à l'insuline. Ils ont également montré une diminution des taux de triglycérides et de cholestérol LDL. Ces améliorations étaient plus prononcées chez les participantes obèses et celles ayant une résistance à l’insuline. Les auteurs ont conclu que :

« Cette étude fournit des preuves que la supplémentation en vitamine D augmente significativement la concentration sérique de vitamine D chez les femmes atteintes du SOPK présentant une carence ou une insuffisance.
De plus, cette étude contrôlée randomisée soutient les effets bénéfiques de la vitamine D sur les paramètres métaboliques chez les femmes atteintes de SOPK, notamment des améliorations significatives de l’IMC, du rapport taille-hanches, des concentrations sériques d’insuline et des paramètres du métabolisme lipidique, en particulier chez les femmes obèses ou résistantes à l'insuline (IR) ».

Une étude récente révèle que le SOPK augmente le risque de troubles alimentaires

En plus des troubles métaboliques, le SOPK a également été associé à un risque accru de développer des troubles alimentaires, comme l'indiquent une revue systématique et une méta-analyse publiées en août 2024 dans « The Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism ».

Les chercheurs ont analysé les données de près de 29 000 femmes atteintes de SOPK dans neuf pays, en comparant leurs résultats à ceux de plus de 258 000 femmes sans cette maladie. Leurs résultats ont montré une augmentation des probabilités de troubles alimentaires spécifiques chez les femmes atteintes de SOPK, en particulier la boulimie nerveuse ainsi que le trouble de l'hyperphagie boulimique.

Dans un communiqué de presse de la Société endocrinienne, l'auteur principal de l'étude, Dr Laura Cooney de l'Université du Wisconsin, a déclaré :

« Cette analyse est la première où nous avons pu confirmer un risque accru de troubles alimentaires spécifiques, y compris la boulimie nerveuse, communément appelée boulimie, et le trouble de l'hyperphagie boulimique. De nombreuses femmes atteintes du SOPK subissent la stigmatisation liée au poids, ce qui peut être préjudiciable à la santé mentale en général et contribuer à des comportements alimentaires désordonnés ».

Ils ont également constaté que les femmes atteintes du SOPK avaient des scores plus élevés au niveau des comportements alimentaires désordonnés, indépendamment de leur indice de masse corporelle (IMC). Cela suggère que le lien entre le SOPK et les troubles alimentaires ne dépend pas uniquement du poids, mais est également influencé par d'autres facteurs associés à la maladie.

Bien qu'aucun lien n'ait été trouvé entre le SOPK et l'anorexie, les chercheurs ont souligné l'importance de rester vigilants quant à d'éventuels comportements alimentaires désordonnés chez les individus évalués pour le SOPK.

« Nos résultats soulignent l'importance de dépister les femmes atteintes de SOPK pour les troubles alimentaires avant que les cliniciens ne partagent des conseils sur le mode de vie », a noté Cooney.
« Les modifications du mode de vie que nous recommandons souvent aux femmes atteintes de SOPK, y compris l'activité physique, une alimentation saine et des modifications comportementales, pourraient entraver le processus de guérison des troubles alimentaires. Les professionnels de la santé doivent être attentifs au dépistage des troubles alimentaires dans cette population ».

Le SOPK est également lié à un risque accru de maladie de Hashimoto

Une autre maladie couramment observée chez les femmes atteintes de SOPK est la maladie de Hashimoto, également appelée thyroïdite auto-immune. Ce trouble auto-immun cible la glande thyroïde, entraînant une production insuffisante d'hormones thyroïdiennes, causant ainsi une hypothyroïdie. Une méta-analyse publiée dans « Frontiers in Endocrinology » a examiné l'association entre ces deux conditions.

« Cette méta-analyse a montré que les patients atteints de SOPK étaient plus susceptibles de développer la thyroïdite de Hashimoto (TH) que ceux sans SOPK », ont écrit les auteurs.
« En même temps, l'étude a démontré que le risque de SOPK chez les patients atteints de TH est supérieur à celui des patients non atteints de TH. Ces résultats suggèrent une association significative entre le SOPK et la TH ».

Les chercheurs ont souligné plusieurs facteurs contribuant à cette connexion, notamment des facteurs génétiques, métaboliques, hormonaux et immunitaires. Plus précisément, des gènes comme la fibrilline 3 (FBN3), qui affecte les niveaux de facteur de croissance transformant bêta (TGFβ), pourraient être impliqués dans la pathogénie à la fois du SOPK et de la maladie de Hashimoto.

Le TGFβ joue un rôle crucial dans la régulation immunitaire, et des niveaux plus bas chez les patients atteints des deux conditions reflètent des processus immunitaires perturbés. De plus, l'inflammation chronique de bas grade et les anomalies métaboliques associées au SOPK contribuent davantage à son lien avec la maladie de Hashimoto.

Le rôle de la santé intestinale dans ces maladies interconnectées

Des recherches émergentes suggèrent que la santé intestinale joue un rôle dans la relation entre le SOPK, les maladies thyroïdiennes ainsi que les troubles alimentaires. Les déséquilibres dans le microbiome intestinal influencent l'axe intestin-cerveau, qui, à son tour, affecte le fonctionnement du système immunitaire et l'inflammation.

Par exemple, une barrière intestinale compromise, ou « intestin perméable », aggrave les réponses auto-immunes et l'inflammation chronique. Cette dysbiose contribue non seulement aux symptômes du SOPK et de la maladie de Hashimoto, mais elle impacte également le développement et la progression des troubles alimentaires.

Aborder votre santé intestinale offre donc des avantages pour la gestion du SOPK, de la maladie de Hashimoto et des troubles alimentaires associés, en réduisant l'inflammation et en améliorant la fonction immunitaire globale. Je vous recommande de commencer par réduire votre consommation d' acide linoléique (AL) que l'on trouve dans les huiles de graines utilisées dans la plupart des aliments ultra-transformés. D'autres aliments riches en AL à éviter incluent les graines et les noix, ainsi que le poulet et le porc nourris avec un régime riche en AGPI (acides gras polyinsaturés).

Il est également préférable d'éviter l'utilisation d'antibiotiques, sauf si cela est absolument nécessaire, et d'éliminer les viandes conventionnelles de votre alimentation, car les animaux élevés dans des exploitations agricoles intensives (CAFO) sont régulièrement injectés d'antibiotiques.

Si vous prenez des antibiotiques, veillez à réensemencer votre intestin avec des aliments fermentés et/ou un supplément probiotique de haute qualité. La consommation régulière d'aliments fermentés aidera également à maintenir un microbiome intestinal équilibré.

Pour en savoir plus sur les conseils pour optimiser votre microbiome intestinal, consultez mon article, «Pourquoi vous êtes ballonné et comment y remédier». Il est intéressant de noter que le ballonnement est également un symptôme courant du SOPK, souvent associé à des déséquilibres dans le microbiome et les hormones.

Considérations pour optimiser vos niveaux de vitamine D

En revenant à la vitamine D, des recherches indiquent que l'optimisation de vos niveaux atténue non seulement les symptômes du SOPK, mais améliore également les perspectives pour les troubles alimentaires et les affections thyroïdiennes.

Bien que l'étude publiée dans « The Journal of Ovarian Research » ait porté sur la supplémentation pour optimiser les niveaux de vitamine D, je recommande d'obtenir ce nutriment grâce à une exposition au soleil appropriée, si possible, car cela offre des avantages au-delà de l'optimisation de la vitamine D, tels qu'un risque réduit de cancer, une production accrue de mélatonine et une longévité prolongée.

Cependant, bien que l'exposition au soleil soit importante pour la santé globale, gardez à l'esprit qu'elle peut également être nuisible si vous n'êtes pas prudent. Votre alimentation est l'un des facteurs les plus importants à considérer avant de passer du temps au soleil. Si votre alimentation est riche en huiles de graines (riches en AL), vous devez aborder l'exposition au soleil avec prudence, car ces huiles migrent vers votre peau et s'oxydent lorsqu'elles sont exposées à la lumière du soleil, provoquant de l'inflammation et des dommages à l'ADN.  

Par conséquent, vous êtes plus susceptible de subir des coups de soleil lorsque vous suivez un régime riche en AL. Je recommande d'éviter l'exposition au soleil de forte intensité jusqu'à ce que vous ayez éliminé les huiles de graines pendant quatre à six mois. À ce moment-là, vous pourrez progressivement augmenter votre exposition au soleil. Finalement, vous pourrez profiter d'une heure ou plus d'exposition au soleil pendant les heures de pointe sans risque de coup de soleil.

Si vous ne parvenez pas à obtenir une exposition suffisante au soleil, la supplémentation en vitamine D constitue un choix judicieux. Pour la santé et la prévention des maladies, visez un niveau compris entre 60 ng/mL et 80 ng/mL. En Europe, les mesures que vous recherchez sont respectivement de 150 à 200 nmol/L.

Pour déterminer la quantité de vitamine D3 à prendre, mesurez votre niveau de vitamine D, idéalement deux fois par an. Votre dose idéale est celle qui vous permet de maintenir un niveau dans la fourchette de 60 ng/mL à 80 ng/mL. Il est également important de se rappeler que le calcium, la vitamine D3, le magnésium et la vitamine K2 doivent être correctement équilibrés, car ces quatre nutriments agissent ensemble.

D'autres stratégies pour améliorer les symptômes du SOPK

D'autres stratégies de style de vie pour réduire les symptômes du SOPK et améliorer la santé reproductive incluent :

• Envisagez d’utiliser des remèdes naturels pour vous soutenir : L'intégration de ces suppléments naturels dans votre régime de santé apporte un soutien supplémentaire dans la gestion des symptômes du SOPK :

◦ CoQ10 : Une étude publiée dans « Reproductive Sciences » a révélé que la CoQ10 est un traitement sûr et efficace pour le SOPK, car elle améliore la sensibilité à l'insuline, augmente les niveaux d'hormones sexuelles et améliore la fonction ovarienne.

◦ Ashwagandha : Une plante adaptogène aux multiples vertus, l’ashwagandha a démontré son efficacité dans le traitement du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) en rééquilibrant les niveaux hormonaux, y compris les hormones thyroïdiennes, les œstrogènes et la progestérone.

◦ Réglisse : Des recherches montrent que la réglisse soutient les glandes surrénales, réduit les niveaux d’androgènes, exerce des effets anti-inflammatoires et améliore les symptômes du SOPK, y compris la perte de poids.

◦ L-Carnitine : Une revue systématique et une méta-analyse portant sur des femmes atteintes de SOPK ont révélé que la supplémentation en carnitine, allant de 250 à 3 000 milligrammes par jour pendant 84 à 90 jours, améliore significativement les taux d'ovulation et de grossesse, tout en réduisant l'IMC et la résistance à l'insuline.

◦ Inositol : Selon une étude publiée dans « Reproductive Biology and Endocrinology », l'inositol constitue un traitement sûr et efficace pour le SOPK, car il améliore la régularité des cycles menstruels, les niveaux de glucose et d'autres marqueurs métaboliques.

• Réduisez votre niveau de stress : Le stress chronique exacerbe les symptômes du SOPK en augmentant vos niveaux de cortisol, ce qui conduit à une résistance à l'insuline et à des déséquilibres hormonaux. L’intégration de stratégies de réduction du stress, telles que la méditation de pleine conscience, l'exercice régulier et des techniques de respiration, s'avère bénéfique pour la gestion de vos symptômes et l'amélioration de votre bien-être général.

Pour en savoir plus sur la façon de gérer le stress, consultez mon article, «« Stressé » : Une perspective révélatrice sur les effets du stress». La progestérone peut également réduire les niveaux de cortisol (je vais expliquer comment l’utiliser ci-dessous). Je vous recommande de lire «Ce que vous devez savoir sur les œstrogènes et la sérotonine» pour approfondir vos connaissances.

• Réduisez votre exposition aux PFAS : Les substances per- et polyfluoroalkyles (PFAS), également connues sous le nom de « produits chimiques éternels », sont des perturbateurs endocriniens (EDC) associés à des perturbations hormonales, à une fertilité réduite et à un risque accru de SOPK. Certains objets ménagers à éviter pour réduire votre exposition à ces produits chimiques incluent :

Des articles prétraités avec des répulsifs à taches, tels que des meubles et des tapis neufs

Des vêtements imperméables et/ou résistants aux taches

Des objets traités avec des produits chimiques ignifuges, comme des meubles, des matelas et des oreillers.

De la restauration rapide et des aliments à emporter

Pop-corn au micro-ondes

Des ustensiles de cuisine antiadhésifs et autres ustensiles traités

Du fil dentaire Oral-B Glide et tout autre produit de soin personnel contenant du polytétrafluoroéthylène ou des ingrédients « fluoro/perfluoro »

• Traitez un excès de charge œstrogénique : Les femmes atteintes de SOPK produisent généralement des quantités excessives d'œstrogène, une condition connue sous le nom de dominance œstrogénique, qui aggrave davantage des symptômes tels que les cycles menstruels irréguliers, la croissance de poils indésirables, la prise de poids et l'acné. Malheureusement, les substances œstrogéniques sont omniprésentes dans l'environnement.

Pour réduire votre charge œstrogénique, choisissez des produits respectueux de l'environnement et des animaux, durables, certifiés biologiques et sans OGM. Cela s'applique à tout, des aliments et produits de soin personnel aux matériaux de construction, tapis, peintures, produits pour bébés, meubles, matelas, et bien plus encore.

Il est également recommandé de remplacer les contenants en plastique par des alternatives en verre ou en acier inoxydable afin de minimiser votre exposition à des produits chimiques imitant les œstrogènes, tels que le bisphénol A (BPA) et ses substituts. De plus, optez pour des produits de nettoyage naturels afin de réduire votre exposition globale aux xénoestrogènes dans votre environnement.

Les EDC, tels que les xénoestrogènes, activent les récepteurs d'œstrogènes. Pour contrer cet effet, vous pouvez également utiliser de la progestérone transmuqueuse, associée à de la vitamine E, comme expliqué ci-dessous.