📝EN BREF
- Les données montrent une fois de plus que les mammographies ne tiennent pas la promesse d'un dépistage efficace du cancer du sein, car plus de la moitié des femmes dans une étude ont eu un faux positif après 10 années de tests
- En plus du risque supplémentaire de radiation avec les mammographies qui déclenche un cancer mortel chez jusqu'à 25 femmes sur 100 000, le dépistage n'identifie pas efficacement tous les cancers, en particulier chez les femmes aux seins denses
- Les femmes disposent d'options de dépistage qui n'impliquent pas de radiation, y compris la thermographie, l'échographie et l'examen clinique des seins
- Elles peuvent également recourir à des choix de vie sains pour réduire les risques et maintenir des taux optimaux d'acides gras oméga 3 et de vitamine D
🩺Par le Dr. Mercola
L'efficacité des mammographies de dépistage précoce cohérentes est étudiée depuis de nombreuses années avec des résultats mitigés. Une étude actuelle publiée par l'Université de Californie en mars 2022 a montré que la moitié de toutes les femmes qui ont subi une mammographie annuelle connaîtront au moins un test faussement positif au cours de 10 années de test.
Les tests faussement positifs avec la mammographie en tant qu'outil de dépistage peuvent entraîner un surdiagnostic et un surtraitement, y compris des biopsies inutiles. Une étude antérieure du John Wayne Cancer Institute a révélé que la biopsie à l'aiguille peut augmenter la propagation du cancer par rapport aux patientes qui ont subi une biopsie excisionnelle, également appelée tumorectomie.
Après un faux positif lors d'une mammographie, les biopsies à l'aiguille sont largement utilisées pour diagnostiquer le cancer du sein. Mais cela peut accidentellement provoquer la propagation de cellules malignes depuis le site de la tumeur et favoriser la formation de métastases dans d'autres zones de votre corps. Les chercheurs du John Wayne Cancer Institute ont conclu :
« La manipulation d'une tumeur intacte par FNA [aspiration à l'aiguille fine] ou biopsie au trocart à l'aiguille de gros calibre est associée à une augmentation de l'incidence des métastases du SN [ganglion sentinelle], peut-être due en partie à la perturbation mécanique de la tumeur par l'aiguille. »
Les mammographies faussement positives ne sont pas rares
L'étude présentée fut publiée dans JAMA Oncology en mars 2022. Les chercheurs ont demandé s'il y avait une différence entre le dépistage du cancer du sein par mammographie numérique traditionnelle ou par mammographie 3D, également appelée tomosynthèse mammaire numérique.
Les données furent recueillies entre le 1er janvier 2005 et le 31 décembre 2018 dans 126 établissements. L'étude comprenait 903 495 femmes âgées de 40 à 79 ans. Les résultats ont compilé 2 969 055 mammographies de dépistage sans valeur de référence interprétées par 699 radiologues. 58 % de ces mammographies furent réalisées chez des femmes de moins de 60 ans.
Fait important, il a également été noté que 46 % de ces mammographies concernaient des femmes avec un tissu mammaire dense. Michael Bissell, épidémiologiste au Département des sciences de la santé publique de l'UC Davis et chercheur participant à l'étude, a déclaré dans un communiqué de presse :
« La technologie de dépistage n'a pas eu l'impact le plus important sur la réduction des faux positifs. Les résultats de notre étude soulignent l'importance des discussions entre la patiente et le personnel soignant à propos de la personnalisation de la santé. Il est important de prendre en compte les préférences et les facteurs de risque d'une patiente lors du choix de l'intervalle et de la modalité de dépistage. »
Après la collecte des données, les chercheurs ont analysé le type de mammographie utilisé, l'intervalle de dépistage, l'âge de la femme et la densité mammaire. À partir de ces données, ils ont estimé qu'une femme aurait un risque cumulé d'avoir au moins un faux positif après avoir fait des mammographies chaque année ou tous les deux ans pendant 10 ans.
L'analyse a également montré qu'un faux positif a entraîné une imagerie répétée dans les six mois ou une recommandation de biopsie. Les scientifiques ont ensuite séparé les données de la mammographie numérique 2D et 3D, théorisant que la 3D pourrait présenter un risque plus faible de test faussement positif.
Bien que la théorie ait été prouvée par les données, la réduction du risque était minime. Ils ont estimé que sur 10 années de dépistage en 3D, 50 % des femmes avaient eu au moins un test faux positif, tandis que 56 % de celles qui effectuaient une mammographie numérique traditionnelle avaient eu au moins un faux positif. La comparaison entre celles avec des recommandations de suivi à court intervalle et les recommandations de biopsie ne différaient que de 1 %.
Les mammographies peuvent ne pas fonctionner pour les femmes aux seins denses
Les chercheurs ont également constaté que, peu importe que les femmes aient subi une mammographie en 2D ou 3D, les résultats faux positifs étaient plus élevés chez les femmes qui avaient des seins extrêmement denses.
La différence entre les faux positifs chez les femmes qui avaient des seins constitués entièrement de graisse et celles qui avaient des seins denses était significative. Avec la mammographie en 3D, les femmes avec des seins constitués entièrement de graisse avaient une probabilité de 31 % d'un test faux positif, tandis que celles avec des seins denses avaient une probabilité de 67,3 % d'un test faux positif.
Les chercheurs ont également constaté qu'en général, entre les deux types de mammographie, les femmes qui avaient des seins constitués presque entièrement de graisse avaient une probabilité plus faible d'un test faux positif par rapport aux femmes aux seins extrêmement denses. De plus, les femmes aux seins denses n'ont pas bénéficié de la détection du cancer par tomosynthèse.
En plus du problème du surdiagnostic, il y a le fait que les mammographies ne détectent pas tous les cancers du sein. Le documentaire, « Boobs: The War on Women's Breasts » disponible en DVD ou sur Vimeo, raconte l'histoire de Nancy Cappello. Nancy Capello a reçu un diagnostic de cancer du sein après avoir eu deux mammographies normales.
Le cancer de Nancy Capello n'a pas été repéré parce qu'elle avait un tissu mammaire dense. Il n'a été découvert que lorsque son médecin a senti la grosseur dans son sein et lui a prescrit une échographie en plus d'une mammographie. Nancy Capello est devenu une pionnière du mouvement pour l'enseignement au sujet de la densité du tissu mammaire aux femmes et comment l'utilisation d'une mammographie est « comme trouver un ours polaire dans une tempête de neige ». Elle a ajouté :
« Alors je suis partie en quête (pour la recherche) et j'ai découvert que pendant près d'une décennie AVANT mon diagnostic, six études majeures portant sur plus de 42 000 femmes ont conclu qu'en ajoutant une échographie à la mammographie, la détection augmente de 48 à 97 % pour les femmes avec un tissu dense.
J'ai également appris que les femmes aux tissus extrêmement denses sont 5 fois plus susceptibles d'avoir un cancer du sein que les femmes aux seins constitués de graisse et que la recherche sur les tissus mammaires denses en tant que facteur de risque indépendant du cancer du sein est étudiée depuis le milieu des années 70.
… J'ai subi une mastectomie, une reconstruction, 8 traitements de chimiothérapie et 24 traitements de radiothérapie. Le rapport de pathologie a confirmé : cancer de stade 3c parce que le cancer avait migré à l'extérieur du sein jusqu'à mes ganglions lymphatiques. Dix-huit ganglions lymphatiques furent retirés et treize contenaient un cancer ET SOUVENEZ-VOUS, j'avais eu une mammographie « normale » quelques semaines auparavant. Est-ce cela une détection précoce ? »
Nancy Cappello a succombé à son cancer du sein en 2018, après un combat de 15 ans pour vaincre son cancer. Mais grâce à ses efforts, 38 États ont adopté des lois obligatoires sur la densité mammaire. Le documentaire indique que jusqu'à 90 % des femmes peuvent avoir un certain degré de tissu mammaire dense qui peut affecter le résultat d'une mammographie et pourraient bénéficier d'une échographie du sein entier, une procédure généralement utilisée en complément d'une mammographie, plutôt qu'en test primaire.
La radiographie mammaire n'est pas sans risque
Il existe également le problème que les mammographies ont recours à des rayonnements ionisants à une dose relativement élevée. Cela, en soi, peut contribuer au développement du cancer du sein. Une étude de 2016 a conclu : « … les rayonnements ionisants utilisés pour la mammographie à rayons X à faible dose peuvent être associés à un risque de carcinogenèse radio-induite. »
Les chercheurs ont souligné que les femmes porteuses d'une variation génétique ou ayant une prédisposition héréditaire au cancer du sein devraient éviter autant que possible les radiations. Malheureusement, la médecine conventionnelle recommande souvent une mammographie de routine ou même en complément pour les personnes qui ont une prédisposition héréditaire au cancer du sein ou à une mutation génétique.
La prochaine génération de mammographie, la tomosynthèse en 3D, est pour l'essentiel une tomodensitométrie du sein. L'exposition aux radiations qui en résulte est encore plus importante par une marge significative que les mammographies standard. Selon une étude, le dépistage annuel par mammographie numérique ou sur film chez les femmes âgées de 40 à 80 ans est associé à une incidence de cancer induit et à un taux de cancer du sein mortel de 20 à 25 cas pour 100 000 mammographies.
Cela signifie que la mammographie annuelle pourrait causer de 20 à 25 cas de cancer mortel pour 100 000 femmes ayant subi le test. Une mammographie en 3D nécessite plusieurs vues pour bénéficier de la tridimensionnalité. Il va de soi que votre exposition totale aux rayonnements est considérablement plus élevée que celle d'une mammographie en 2D standard.
De plus, les données n'apportent pas de soutien au dépistage des femmes asymptomatiques car cela ne sauve pas de vies supplémentaires. Une réponse publiée dans The BMJ aux études publiées dans The Lancet fut rédigée par Hazel Thornton, chercheuse invitée honoraire au Département des sciences de la santé de l'Université de Leicester. Elle a inclus des rapports à son témoignage devant le Comité de la santé de la Chambre des communes sur les services de lutte contre le cancer du sein.
On lui a demandé pourquoi elle pensait que le programme de dépistage du sein du NHS était « une coûteuse partie de pêche dans un public asymptomatique… créant une énorme morbidité psychologique et physique coûteuse », précisant dans sa réponse qu’il :
« ... se concentre sur les femmes qui bénéficient, en d'autres termes, de la seule vie qui est sauvée, et il néglige les centaines de femmes qui passent par le processus et, dans certains cas, en subissent un préjudice psychologique. Il est déséquilibré et disproportionné et devrait être revu, à mon avis, sans délai. »
Dans une revue Cochrane de la littérature, il a été découvert que, de façon similaire au témoignage de Hazel Thornton, pour 2 000 femmes dépistées sur 10 ans, une seule évite de mourir d'un cancer du sein et 10 seront traitées inutilement. De plus, plus de 200 femmes souffriront de détresse psychologique et d'incertitude pendant des années après avoir reçu des résultats faux positifs.
Une étude de cohorte a recruté des participantes au Danemark de 1980 à 2010. Il a également été constaté que le dépistage ne réduisait pas l'incidence des tumeurs avancées et il fut conclu « qu’une tumeur invasive sur trois et des cas de CCIS [carcinome canalaire in situ] diagnostiqués chez les femmes bénéficiant d'un dépistage représentent un surdiagnostic (augmentation de l'incidence de 48,3 %). »
Vous avez le choix
Bien que la mammographie soit l'outil de dépistage du cancer du sein le plus fréquemment recommandé, vous avez le choix avec des tests de diagnostic qui n'impliquent pas de radiation. Les femmes devraient recevoir suffisamment d'informations pour prendre une décision éclairée et être autorisées à faire leur choix. Lorsque vous connaissez les options, vous pouvez demander à passer le test qui convient le mieux à votre situation.
D'autres options potentiellement plus sûres pour l'examen des seins comprennent les examens cliniques des seins, la thermographie et l'échographie. La thermographie et l'échographie n'utilisent pas de radiation et peuvent détecter des anomalies que les mammographies peuvent ne pas voir, en particulier chez les femmes aux seins denses.
Bien qu'il soit également affirmé que la mammographie peut détecter des cancers qu'une échographie laissera passer, selon les National Institutes of Health, « ... les chercheurs ne savent pas avec certitude si la mammographie en 3D est meilleure ou pire que la mammographie standard pour éviter les faux positifs et identifier les cancers précoces chez tous les types de patientes. »
Non seulement cela, le U.S. Preventive Services Task Force (USPSTF), sur le dépistage du cancer du sein, admet que « … les preuves actuelles sont insuffisantes pour évaluer les avantages et les inconvénients de la tomosynthèse mammaire numérique (TMN) comme méthode de dépistage primaire du cancer du sein ».
Bien qu'ils soient efficaces, les tests alternatifs peuvent être difficiles d'accès aux États-Unis en raison des directives fédérales et de l'influence de l'industrie de la mammographie pesant un milliard de dollars. Pour refuser aux femmes l'utilisation de ces programmes de dépistage, l'USPSTF affirme :
« ... les preuves actuelles sont insuffisantes pour évaluer l'équilibre entre les avantages et les inconvénients du dépistage complémentaire du cancer du sein par échographie mammaire, imagerie par résonance magnétique, TMN ou d'autres méthodes chez les femmes identifiées comme ayant des seins denses lors d'une mammographie de dépistage par ailleurs négative. »
Il est également important de reconnaître que le dépistage ne prévient pas le cancer du sein. Au lieu de cela, la prévention nécessite des choix de vie sains, en prêtant attention aux facteurs nutritionnels et en évitant les toxines.
Par exemple, la vitamine D est un facteur nutritionnel vital qui peut réduire votre risque de tous les cancers, y compris le cancer du sein. Des études sur l'animal et l'humain démontrent également que les acides gras oméga 3 peuvent contribuer à prévenir le cancer du sein et avoir un effet positif pendant le traitement du cancer du sein.
Pour comprendre votre risque potentiel, il est essentiel que vous connaissiez votre taux de vitamine D et votre indice d'oméga 3. La médecine conventionnelle a amené de nombreuses femmes à croire que le simple fait de passer un test annuel les protégerait du cancer du sein. Mener une vie saine et être informée de vos options de dépistage peut vous aider à éviter cet écueil potentiellement mortel.
🔎Sources et Références :
- JAMA Network, 2022; 5(3)
- Current Oncology, 2015;22(5)
- JAMA Surgery, 2004;139(6)
- American Cancer Society, Breast Cancer Facts and Figures 2019-2020 Table 5
- Statistica, Resident Population of the United States by Sex and Age, July 1, 2020
- Cost Helper Health, How Much Does a Mammogram Cost?
- JAMA Oncology, 2022;5(3) Question and Findings
- Science Daily, March 25, 2022
- Science Daily, March 25, 2022 subhead 2 para 2 and all subhead 3
- JAMA Oncology, 2022;5(3) Results, False positive recall
- Vimeo, August 29, 2020
- AreYouDense.org, Nancy’s Story
- New York Times November 28, 2018
- Johns Hopkins Medicine
- Medical Principles and Practice 2016;25(2)
- Journal of the American College of Radiation, 2018; 15(supp 3)
- BreastCancer.org, April 15, 2020, Guideline Recommendations
- Radiology, 2010; doi.org/10.1148/radiol.10100570
- The BMJ, 2020;370:m3191
- The Lancet Oncology, 2020; doi.org/10.1016/S1470-20245(20)30398-3
- Cochrane Library, 2013; doi.org/10.1002/14651858.CD001877.pub5
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- NIH. Mammography
- U.S. Preventive Services Task Force. Breast Cancer: Screeening. January 11, 2016
- National Cancer Institute, Vitamin D and Cancer Prevention
- The Oncologist, 2012;17(1)
- Breast Cancer Research, 2015;17(1) starting 40% down the page with subhead How might EPA and DHA act to prevent breast cancer?